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Taxe Zucman: les Français méritent mieux que des illusions fiscales

Alors que les soutiens de Gabriel Zucman ne craignent plus de populariser des inepties économiques aux heures de grande écoute, il paraît d’autant plus urgent de lever le vrai tabou français : celui de la croissance et de la productivité, seuls véritables moteurs de l’amélioration des conditions de vie et conditions de l’équilibre des finances de l’Etat. Une tribune publiée le 16 septembre 2025 dans l’Opinion et coordonnée par Erwan Le Noan.

La dégradation de la note de la France par Fitch confirme ce que chacun sait : l’économie française décroche en dépit d’une dette publique qui ne cesse d’augmenter. L’Etat a beau dépenser toujours davantage, la croissance reste faible et le pouvoir d’achat progresse moins qu’ailleurs: si la France avait eu la même croissance que les Etats Unis lors des quinze dernières années, les Français seraient plus riches de 30 %.

Cette situation s’explique non par l’insuffisance de taxes, mais par une stagnation de la productivité – l’écart avec les Etats-Unis, là aussi, n’a cessé de se creuser (10 points depuis 2019). C’est donc l’absence d’innovation, le manque d’investissement dans le capital matériel, immatériel et humain qui devraient être au cœur du débat public.

Pourtant, une certaine classe politique préfère s’illusionner dans la célébration de la « taxe Zucman ». A l’écouter, cette taxe qui porterait sur 1 800 « ultra-riches » devrait renflouer les caisses de l’Etat et ramener de la « morale fiscale ». Une solution miracle…

Cette taxe est une illusion fiscale. Son introduction ne résoudra nullement les problèmes de productivité et de croissance mais favorisera, encore une fois, le démantèlement de l’appareil productif français, en accélérant la fuite des talents et du capital et en contraignant à la vente les pépites nationales

Méconnaissance. Sauf qu’elle repose sur une méconnaissance profonde des mécanismes économiques les plus élémentaires. En proposant d’imposer un patrimoine financier, cette proposition de taxe oublie qu’elle ne porte jamais sur un revenu disponible : ce n’est pas parce que vous êtes actionnaire d’une entreprise dont la valeur estimée, qui peut fortement varier, est élevée (parce que le marché parie sur son potentiel) que vous disposez de liquidités équivalentes. Parfois, l’entreprise n’est pas même rentable. Certains entrepreneurs n’auront donc d’autre choix que de revendre une part de leur entreprise, notamment à des fonds étrangers, pour acquitter un impôt Zucman sur des actions qu’ils n’auront plus. Fascinant non?

Et quand Thomas Piketty suggère qu’ils n’ont qu’à vendre ce capital aux salariés ou à l’Etat, il oublie que les premiers n’ont pas les moyens, ni peut-être l’envie, de le faire, et que le second ne s’est jamais distingué par ses capacités de gestionnaire. Sans quoi, la dette ne serait pas de 114 % du PIB.

L’argument selon lequel cette solution permettrait d’enfin taxer les holdings est au demeurant totalement fallacieux : les revenus qu’elles perçoivent sont déjà soumis à l’impôt sur les sociétés (à 25 %), puis à nouveau taxés à 30 % lorsqu’ils sont distribués.

Autrement dit, cette taxe est une illusion fiscale. Son introduction ne résoudra nullement les problèmes de productivité et de croissance mais favorisera, encore une fois, le démantèlement de l’appareil productif français, en accélérant la fuite des talents et du capital et en contraignant à la vente les pépites nationales.

Si la France parvenait à faire émerger ne serait-ce que deux « Mistral » du calibre de Nvidia, leurs contributions rapporteraient davantage aux finances publiques que dix taxes Zucman

Champions. C’est aux Etats-Unis, et non en France, que Stéphane Bancel a par exemple fait émerger Moderna et contribué à une révolution scientifique mondiale. C’est vers les marchés financiers les plus dynamiques que les jeunes entreprises se tournent pour accélérer leur croissance. C’est là-bas que se déploient aujourd’hui les champions qui façonnent l’économie de demain et notre avenir.

Alors que les soutiens de Gabriel Zucman ne craignent plus de populariser des inepties économiques aux heures de grande écoute, il paraît d’autant plus urgent de lever le véritable tabou français : celui de la croissance et de la productivité, seuls véritables moteurs de l’amélioration des conditions de vie et conditions de l’équilibre des finances de l’Etat.

Ce sont elles, et non la dépense publique, qui ont permis à la France, il y a quelques décennies encore, d’être un phare social et technologique pour le monde. Et ce sont elles qui permettront à l’avenir d’inverser le décrochage social, en offrant à chacun l’opportunité de vivre mieux que ses parents.

Mais pour retrouver cette trajectoire, il n’y a pas de solution magique. Il faut miser sur l’innovation, la compétitivité, libérer les forces productives et redonner confiance à ceux qui entreprennent. Si la France parvenait à faire émerger ne serait-ce que deux « Mistral » du calibre de Nvidia, leurs contributions rapporteraient davantage aux finances publiques que dix taxes Zucman. La solution n’est donc pas dans l’augmentation des impôts, ni dans une prétendue morale fiscale, mais dans la libération des énergies économiques, qui passe par une réduction du fardeau fiscal qui pèse sur les entrepreneurs et les investisseurs.

Le débat public ne peut donc se réduire à une chasse aux sorcières contre celles et ceux qui ont réussi. Ce n’est pas en taxant les milliardaires qu’on crée de la croissance ni qu’on améliore l’efficacité des services publics. Sans quoi le communisme aurait été un franc succès. L’important est de redonner l’envie d’entreprendre, de libérer l’innovation et de promouvoir la création de richesses : une tâche plus complexe, bien loin des solutions faciles et du « prêt à taxer », mais nécessaire pour que notre chère France rayonne à nouveau.

Pour notre classe politique comme pour nous, électeurs, il est temps d’abandonner les illusions pour se mettre au travail.

Signataires :

  • Erwan Le Noan, essayiste, consultant
  • Olivier Babeau, économiste et président de l’institut Sapiens
  • Louise Baroin, directrice marketing et réseaux sociaux de GenerationLibre
  • Marc de Basquiat, économiste, président du think tank AIRE
  • Baptiste Bayart, entrepreneur
  • Frédéric Bedin, entrepreneur
  • Sacha Benhamou, directeur de la communication et des relations institutionnelles de GenerationLibre
  • Pierre Bentata, économiste et essayiste
  • Godefroy de Bentzmann, entrepreneur
  • Benjamin Bitton, chef d’entreprise dans le conseil financier spécialisé dans l’innovation et l’entrepreneuriat
  • Jean-Baptiste Blanc, sénateur du Vaucluse, vice-président de la Commission des finances
  • Anne Boudu, avocate
  • Timothée Bouteloup, GenerationLibre
  • Nicolas Bouzou, essayiste et entrepreneur
  • Kevin Brookes, enseignant-chercheur en science politique, Directeur de GenerationLibre
  • Virginie Calmels, présidente fondatrice de Futurae et Présidente de Croissance Plus
  • Laurent Cappelletti, professeur au CNAM, chaire de contrôle de gestion
  • Eric Chaney, expert associé à l’institut Montaigne
  • Sébastien Chapotard, dirigeant de PME industrielle
  • Karine Charbonnier, entrepreneur
  • François-Marie Charmet, entrepreneur
  • Philippine Charon, entrepreneuse
  • Antoine Copra, directeur de la rédaction des Electrons Libres
  • Jean-Philippe Delsol, essayiste et président de l’IREF
  • Alexandra Dublanche, vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France
  • Simon Dufeigneux, conseiller METI
  • Grégory Edberg, banquier d’affaires et enseignant à Sciences Po
  • Pierre Entremont, co-founder & managing partner, Frst Capital
  • Edouard Fillias, président de JIN et vice président GenerationLibre
  • Samuel Fitoussi, essayiste et investisseur
  • Pierre Garello, économiste, professeur des Universités
  • Gabriel A. Giménez Roche, enseignant-chercheur en économie et finance
  • Bruno Grandjean, chef d’entreprise
  • Olivia Grégoire, députée de Paris, ancienne ministre
  • Philippe Goetzmann, chef d’entreprise
  • Thierry Herrmann, entrepreneur en immobilier et investisseur dans le sport
  • Muriel Jourda, sénateur du Morbihan, présidente de la commission des Lois
  • Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine, membre de la commission des Finances
  • Nathalie Janson, enseignant-chercheur en économie et finance
  • Alexis Karklins-Marchay, entrepreneur et essayiste
  • Guillaume Labbez, président de CommStrat, enseignant à Sciences Po
  • Philippe de Ladoucette, docteur en droit
  • Delphine Lancel, entrepreneure
  • Guillaume Larrivé, vice-président des Républicains
  • Nicolas Lecaussin, économiste, IREF
  • Gregory Lenne, Conseiller stratégique de GenerationLibre
  • David Lisnard, président de Nouvelle Energie, maire de Cannes
  • Alain Madelin, ancien ministre de l’Economie et des Finances
  • Cécile Maisonneuve, experte associée à l’Institut Montaigne
  • Hélène Marchand, chef d’entreprise dans l’industrie
  • Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari
  • Bertrand Martinot, expert associé à l’institut Montaigne
  • Marc Menasé, founding partner de Founders Future
  • Jean-Bernard Meurisse, entrepreneur dans l’accompagnement des PME
  • Frédéric Motte, industriel, conseiller régional
  • Constance Nebbula, vice-présidente de la région Pays-de-la-Loire
  • Hervé Novelli, entrepreneur, ancien ministre
  • François-Xavier Oliveau, dirigeant d’entreprise, essayiste
  • Sylvain Orebi, entrepreneur
  • Denis Payre, entrepreneur, Fondateur de Croissance Plus et Nous Citoyens
  • Bruno Raillard, co-founder & managing Partner, Frst Capital
  • Olivier Redoulès, économiste
  • Adina Revol, essayiste et enseignante
  • Julien Revol, entrepreneur
  • Christophe Seltzer, consultant indépendant, ancien directeur de Students for Liberty et de GenerationLibre
  • Rubin Sfadj, avocat
  • Philippe Silberzahn, enseignant-chercheur, spécialisé en innovation et entrepreneuriat
  • Rafik Smati, entrepreneur
  • Alexandre Stachtchenko, entrepreneur, auteur et candidat aux législatives Paris 2e circonscription
  • Jean-Louis Thiériot, député de Seine-et-Marne, ancien ministre
  • Erwann Tison, économiste, enseignant à l’université de Strasbourg
  • Arnaud Vaissié, président de International SOS
  • Sébastien Verdeaux, conseil stratégique aux familles
  • Aurélien Véron, conseiller de Paris
  • Pierre-Emmanuel Weil, dirigeant d’un multi family office
  • Nikolai Wenzel, enseignant- chercheur en économie

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