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Education, la France peut mieux faire – Evaluation de l’efficacité du système d’éducation et de formation en France

Cette étude inédite vise à comparer le rapport coût-efficacité des différents pays européens en termes d’éducation et de formation. Elle analyse 30 pays européens et effectue trois comparatifs : le premier sur l’éducation primaire et secondaire, le second sur le supérieur et le troisième sur l’ensemble du système de formation.

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L’EDUCATION, INVESTISSEMENT FINANCIER SIGNIFICATIF ET DECONVENUES QUALITATIVES

Depuis plusieurs décennies, la France investit massivement dans l’éducation et la formation. L’éducation a été érigée en grande cause nationale en 1985, lorsque l’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement formule l’objectif d’« amener 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat »(1).

Entre 1985 et 2022, le taux de bachelier a quasiment triplé, en passant de 29 à 80 % (Figure 1). Cette massification a généré une augmentation très significative de la dépense intérieure d’éducation au global et par élève (Zoom 1 page 7). La dépense intérieure d’éducation (DIE) est passée de 97 milliards en 1985 à 180 milliards en 2022, soit une hausse de +85 % en euros constants(2). Par élève, la dépense moyenne est passée de 5200 à 9860 euros, soit une hausse de +90 %(3). L’augmentation a été encore plus importante dans le premier degré (+ 120 %), dont les effectifs baissent, que dans le second degré (+66 %) ou l’enseignement supérieur (+32 %) dont les effectifs ont augmenté.

En dépit de cet effort financier très significatif, plusieurs défaillances perdurent, aussi bien en ce qui concerne la mission de transmission d’un socle de connaissances commun que dans la préparation aux besoins du monde du travail.

Nombre d’enquêtes internationales montrent que les résultats français sont moyens, qu’il s’agisse du Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves (PISA)(4) ou deTrends in International Mathematics and Science Study (TIMMS). Le système français ne parvient pas à améliorer réellement les compétences des élèves du primaire et du secondaire et à rapprocher le niveau de leurs voisins ayant les meilleurs résultats. Il peine notamment à réduire les inégalités entre les élèves. De même, l’investissement dans le supérieur n’est pas associé à de meilleures performances qualitatives. La part des diplômés du supérieur chez les 25-34 ans est significativement supérieure à la moyenne européenne (50 % contre 45 %), mais le taux de chômage des jeunes est plus élevé (8,2 vs 6,5 % pour les 25-34 ans en 2022)(5).

Les mauvais résultats aux évaluations internationales, tout comme les importants taux d’inadéquation des compétences, de surqualification ou de jeunes ni scolarisés, ni employés, ni en formation (NEET) mettent en évidence la décorrélation des dépenses publiques avec la performance du système.

Pour quantifier cette décorrélation, nous avons évalué la performance du système français comparativement à celle des autres pays européens. Evaluer le système éducatif français, de la formation initiale à la formation continue, de la primaire au supérieur, nécessite de comparer les efforts fournis, en termes de main-d’œuvre et de dépenses, aux résultats en termes d’acquisition d’un socle de compétence commun et d’insertion des élèves et étudiants sur le marché du travail.

Notes

  1. Battaglia, M. et Collas, A. (2012, 13 juillet). Plus de 80 % d’une génération au niveau du bac. Le Monde. Repéré à https://www.lemonde.fr/orientation-scolaire/article/2012/07/13/plus-de-80-d-une-generation-au-niveaudu-
    bac_1733491_1473696.html
  2. Chiffres en euros de 2022, extraits ou calculés avec Dutey, C., de Fornel, C., Liogier, V. et Rousseau, S. (2023).
    180 milliards d’euros consacrés à l’éducation en 2022, soit 6,8 % du PIB ( [Direction de l’évaluation de la
    prospective et de la performance] no 23.43). Paris : Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse. Repéré
    à https://www.education.gouv.fr/media/158403/download et la série DEPP. (2022). La dépense intérieure
    d’éducation (DIE). Actualisation en novembre 2022. Repérée à https://www.education.gouv.fr/media/73578/download
  3. Calculs Institut économique Molinari d’ de Dutey, C., de Fornel, C., Liogier, V. et Rousseau, S. (2023). 180 milliards d’euros consacrés à l’éducation en 2022, soit 6,8 % du PIB ( [Direction de l’évaluation de la prospective et de la performance] no 23.43). Paris : Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse. Repéré à https://www.education.gouv.fr/media/158403/download
  4. OCDE. (2019). Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), résultats du PISA 2018, note par pays, France. Paris. Repéré à https://www.oecd.org/pisa/publications/PISA2018_CN_FRA_FRE.pdf
  5. OCDE. (2023). Regards sur l’éducation 2023 : Les indicateurs de l’OCDE, Éditions OCDE, Paris, Tables A1.2 et
    A3.3, chiffres UE sur 25 pays.
  6. Série DEPP. (2023). Proportion de bacheliers dans une génération. Actualisation de septembre 2023. Repérée à https://www.education.gouv.fr/media/71539/download
Etude-Efficacite-Education-2023

Pierre Bentata

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