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L’inefficience française en matière d’éducation et de formation coûte 16 milliards d’euros par an

Paris, le 5 décembre 2023 – L’Institut économique Molinari publie une étude inédite visant à comparer le rapport coût/efficacité des différents pays européens en termes d’éducation et de formation. Elle analyse 30 pays européens et effectue trois comparatifs : le premier sur l’éducation primaire et secondaire, le second sur le supérieur et le troisième sur l’ensemble du système de formation.

UN MANQUE D’EFFICACITE GLOBAL AUTOUR DE 16 MILLIARDS

  • La France se situe à la 22ème place sur les 30 pays d’Europe étudiés.
  • Au titre du primaire, du secondaire et du supérieur, l’inefficience française représente un surcoût de 18 milliards d’euros en considérant les lacunes dans la transmission des compétences de base et l’intégration dans l’emploi. Elle est de 14 milliards si l’on se focalise sur la seule inadéquation de l’éducation et de la formation avec le marché de l’emploi.
  • En retenant le milieu de cette fourchette, on peut affirmer que si le système français se rapprochait des systèmes les plus efficaces, les mêmes résultats auraient dû être atteints en économisant 16 milliards d’euros ou 9,4 % de la dépense intérieure d’éducation de 2018.
  • L’Irlande, l’Estonie et les Pays-Bas forment le trio de tête de l’efficacité de la dépense d’éducation et de formation, suivis par l’Allemagne, la Norvège et la Finlande.

UN SURCOUT DE 14 MILLIARDS D’EUROS PAR AN DANS LE PRIMAIRE ET SECONDAIRE

  • La France est au 14ème rang sur 30 en efficacité de la dépense d’éducation primaire et secondaire.
  • Elle dépense 7 890 euros par an par élève du primaire et secondaire (ou 22,5 % du PIB par habitant par élève, vs 21,7 % en Europe) et 70 % des élèves de 15 ans n’ont pas de difficulté en compréhension de l’écrit, mathématique et science (vs 69 % dans les 30 pays étudiés).
  • Les deux pays les plus performants sont l’Estonie et l’Irlande. La dépense par élève est élevée en Estonie (23,8 % du PIB par tête vs 21,7 % en Europe) mais les résultats sont excellents avec 83 % des élèves n’ayant aucune difficulté (vs 68,7 % en Europe). L’Irlande dépense moins que la moyenne avec des résultats très bons, 77 % des élèves n’ayant aucune difficulté (vs 68,7 % en Europe).
  • Si les ressources françaises étaient dépensées aussi bien qu’en Estonie ou Irlande, le même résultat aurait été obtenu en 2018 en diminuant de 15,3 % la dépense par élève en pourcentage du PIB/tête, soit une économie de 1 200 euros par élève du primaire et du secondaire.
  • Actualisé aux prix de 2022, cela représenterait une économie de 13,7 milliards d’euros sur 90 milliards d’euros de dépense d’éducation primaire et secondaire.

UN SURCOUT DE 4 MILLIARDS D’EUROS PAR AN DANS L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

  • La France est au 27ème rang sur 30 en efficacité de la dépense d’enseignement supérieur.
  • Elle dépense plus par élève (31,7% du PIB par habitant par an vs 31,3% en Europe) mais obtient un taux d’emploi moindre (84,6 % 1 à 3 ans après le diplôme, vs 85,6 % en Europe).
  • La Finlande a notamment un taux d’emploi plus élevé que la France (88,3 % vs 84,6 %) en dépit d’une dépense par élève inférieure de 3 points (28,8 % du PIB par habitant, vs 31,7 % en France).
  • L’inefficacité française est encore plus criante vis-à-vis de l’Islande dont le taux d’emploi est 11 points plus élevé qu’en France (95,8 % vs 84,6 %) avec une dépense par élève inférieure de 8 points (24,3 % du PIB par habitant vs 31,7 % en France).
  • Si la France était au niveau des pays les plus performants (Grèce, Islande, Lettonie, Malte), elle aurait atteint en 2018 le même niveau d’intégration des jeunes diplômés en économisant 12,1 % des dépenses liées à l’enseignement supérieur.
  • Actualisé aux prix de 2022, cela représenterait une économie de 3,8 milliards d’euros sur 32 milliards d’euros de dépense d’enseignement supérieur.

UN SURCOUT DE 14 MILLIARDS LIE A L’INADEQUATION AVEC L’EMPLOI

  • La France est au 25ème rang sur 30 en efficacité de la dépense d’éducation et formation si l’on se focalise sur l’adéquation avec le marché de l’emploi.
  • Elle dépense plus dans l’éducation (6 % du PIB vs 5,3% en Europe) mais de moins bons résultats en termes d’adéquation avec l’emploi.
  • En France, le taux d’emploi 1 à 3 ans après l’obtention du dernier diplôme était de 70,3 % en 2018 (vs 76,7 % en Europe), le taux de surqualification de 21,9 % (vs 20,8 % en Europe) et le taux de jeunes ni en formation, ni en apprentissage, ni en emploi de 13,6 % (vs 12,4 % en Europe).
  • L’inefficacité française était particulièrement criante vis-à-vis de l’Islande. Cette dernière dépense moins en éducation que la France (5,7 % du PIB vs 6 %) pour des résultats bien meilleurs en emploi (91,8 % vs 70,3 %), surqualification (15,6 % vs 21,9 %) ou jeunes ni en formation, ni en apprentissage, ni en emploi (5,4 % vs 13,6 %).
  • Si la France était au niveau des pays les plus performants (Islande, Lituanie, Luxembourg, Malte, Roumanie, Suisse) elle aurait atteint en 2018 le même niveau d’intégration des jeunes diplômés économisant 8,5 % des dépenses d’éducation et de formation.
  • Actualisé aux prix de 2022, cela représenterait une économie de 14 milliards d’euros sur 171 milliards d’euros investis dans l’éducation et la formation.

Trois axes pour améliorer l’efficacité du système de d’éducation et de formation en France

  1. Laisser une plus grande autonomie aux établissements, aussi bien en termes d’organisation, que de recrutement et de choix des méthodes.
  1. Poursuivre les efforts visant à améliorer l’adéquation de la formation à l’emploi, pour casser la spirale inflationniste qui conduit à augmenter la durée des études pour se signaler vis-à-vis des employeurs
  1. Réduire les couts cachés associés à l’imprévoyance de l’Etat en matière de gestion de personnels, en provisionnant les retraites des nouveaux enseignants et personnels administratifs de droit public

RESSOURCES

L’étude intitulée « Education, la France peut mieux faire. Evaluation de l’efficacité du système d’éducation et de formation en France » est disponible sur notre site : https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2023/12/Etude-Efficacite-Education-2023.pdf

A PROPOS DE LA METHODE

Nous avons employé la méthode d’analyse d’enveloppement des données, dite DEA. Elle permet d’identifier les pays ayant le meilleur rapport qualité/prix éducatif et de quantifier la moindre efficacité des autres pays, en comparant les ressources éducatives aux résultats fournis par les systèmes d’éducation.

Elle définit une frontière d’efficacité qui représente le meilleur résultat possible pour un niveau de ressource donné. Plus un pays est éloigné de cette frontière composée des pays les plus performants, moins son système éducatif est efficace, plus il peine à mobiliser efficacement ses moyens pour atteindre un objectif donné. La méthode permet de quantifier les économies qui pourraient être réalisées pour atteindre les mêmes résultats, si chaque pays à la peine arrivait à se hisser au niveau des pays les plus performants.

Les 30 pays étudiés correspondent à l’UE (sauf l’Espagne pour laquelle une donnée PISA clef n’était pas disponible) plus l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni. L’analyse porte sur l’année 2018, date de la publication des derniers résultats PISA disponibles au moment de la réalisation de l’étude. Les résultats ont été convertis en euros de 2022, conformément aux usages du Ministère de l’Education nationale.

L’efficacité du primaire et secondaire est évaluée en comparant la part des élèves de 15 ans n’ayant aucune difficulté dans les trois domaines étudiés dans PISA (compréhension de l’écrit, mathématique, science) et les dépenses d’éducation par élève rapportées au PIB par habitant.

L’efficacité de l’enseignement supérieur est évaluée en comparant le taux d’emploi des diplômés du supérieur 1 à 3 ans après leur dernier diplôme et les dépenses par élève en pourcentage du PIB par habitant.

L’adéquation avec l’emploi est évaluée en comparant la dépense totale d’éducation et de formation (y compris apprentissage et formation continue) et : (1) le taux d’occupation d’un emploi 1 à 3 ans après l’obtention du dernier diplôme, (2) le taux de surqualification (part des actifs exerçant une activité requérant un niveau de diplôme inférieur à celui qu’ils ont obtenu) et (3) le taux de jeunes ni en formation, ni en apprentissage, ni en emploi (NEET).

Afin d’obtenir un classement général des systèmes d’éducation, nous avons pris en compte les trois classements. Les notes obtenues au titre du primaire/secondaire et du supérieur comptent pour 50 % de la note finale. Elles ont été agrégées, en tenant compte du poids respectif des dépenses dédiées au primaire/secondaire et au supérieur dans chacun des pays. Les notes obtenues sur l’adéquation de l’éducation et de la formation avec le marché de l’emploi comptent elles aussi pour 50 % de la note finale.

CITATIONS

Pierre Bentata, chercheur associé à l’Institut économique Molinari et enseignant à l’Université d’Aix-Marseille

« L’identification des domaines où il est possible de faire des économies tout en augmentant la qualité des prestations est un enjeu collectif. La non-adéquation de notre système éducatif à l’emploi coûte chaque année de l’ordre de 0,6 % du PIB. Si l’on s’inspirait des caractéristiques communes aux pays les plus performants, on pourrait améliorer la qualité tout en réalisant des économies substantielles. C’est une bonne nouvelle eu égard à la nécessité de limiter les dépenses publiques pour limiter l’ampleur des déficits ».

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari (IEM).

« Entre 1985 et 2022, le taux de bachelier a quasiment triplé, en passant de 29 à 80 %. Cette massification a généré une augmentation très significative de la dépense intérieure d’éducation au global et par élève. Elle a aussi eu pour effet de dévaloriser les diplômes. Lorsqu’on donne le même diplôme à tout le monde, son signal perd de sa valeur, d’où le recours à un diplôme supplémentaire pour se démarquer. Compte tenu de la part importante de signalement dans un diplôme, une limitation de la course aux diplômes permettrait d’obtenir les mêmes signaux, en économisant temps et argent. ».

Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari (IEM) et auteur de l’étude.

« En plus du manque d’autonomie et du gâchis lié à la massification mal pensée de l’enseignement, le mauvais rapport qualité/prix éducatif français s’explique par gestion déplorable de l’Etat employeur. L’Etat a promis des retraites aux personnels de l’Education nationale sans mettre en place une caisse de retraite ou mettre de l’argent de côté. Bilan : les retraites absorbent un tiers des dépenses de l’Education nationale. L’Etat y consacre plus de moyens qu’à l’enseignement primaire ou au secondaire proprement dit. L’argent manque pour embaucher ou augmenter les personnels et le rapport qualité/prix pour le contribuable est mauvais. Seuls des pays imprévoyants comme la France et la Grèce sont dans cette situation ubuesque où une part significative des dépenses d’éducation sert à financer les erreurs du passé ».

POUR TOUTE INFORMATION OU INTERVIEW, CONTACTER :

Nicolas Marques, directeur général, Institut économique Molinari
(Paris, langue française)
nicolas@institutmolinari.org
+ 33 6 64 94 80 61

Ou Cécile Philippe, présidente, Institut économique Molinari
(Paris, Bruxelles, langue française ou anglaise)
cecile@institutmolinari.org
+33 6 78 86 98 58

AU SUJET DE L’IEM

L’Institut économique Molinari (IEM) est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser la liberté et la responsabilité individuelles. L’Institut entend faciliter les changements, en suscitant un débat autour des idées reçues, génératrices de statu quo. Il vise à stimuler l’émergence de nouveaux consensus en proposant une analyse économique des politiques publiques, en illustrant l’intérêt de l’échange, ou en montrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités plus clémentes. L’IEM est une organisation à but non lucratif financée par les cotisations volontaires de ses membres : individus, entreprises ou fondations. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.

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