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Oxfam et « la loi du plus riche »: les 7 erreurs du rapport de l’ONG sur les inégalités

L’Express a demandé à un collectif d’économistes et d’universitaires de plancher sur le rapport de l’ONG. Parti pris, méthodologie… leurs conclusions sont sévères. Texte d’opinion co-signé par Cécile Philippe et Nicolas Marques, respectivement présidente et directeur général de l’Institut économique Molinari, publié dans L’Express.

Dans son dernier rapport sobrement intitulé « La loi du plus riche », Oxfam affirme qu’au cours des deux dernières années, les 1 % les plus riches ont capté près des deux tiers de toutes les nouvelles richesses, que les inégalités ont « explosé » et que, par conséquent, il est « indispensable de taxer les personnes riches ».

Afin de satisfaire sa « richophobie », Oxfam triture les faits et les données. Si bien qu’une lecture attentive du rapport révèle que la richesse est mal définie, les riches sont mal identifiés et les solutions proposées sont inopérantes. La preuve en sept erreurs.

Erreur n°1 : celui qui s’endette est pauvre

Pour mesurer l’évolution des inégalités, Oxfam reprend les chiffres du « Global Wealth Databook » publiés chaque année par le Crédit suisse. Dans ce rapport, la richesse nette d’un adulte se définit comme la somme de ses actifs financiers (actions, comptes bancaires etc.) et non financiers (principalement ses biens immobiliers), déduction faite de ses dettes.

De prime abord, cela peut paraître raisonnable ; sauf que l’utilisation qu’en fait Oxfam donne lieu à des résultats absurdes. En effet, une personne dont les dettes sont supérieures à la valeur de ses actifs a une richesse négative. Cela n’a aucun sens. Plus grave, une personne ayant fait un crédit est mécaniquement plus pauvre qu’une personne à qui on aurait refusé un emprunt.

Concrètement, une personne de 50 ans qui touche le RSA et n’a aucun crédit serait donc plus riche qu’un étudiant de Harvard ayant fait un crédit de 200 000 dollars pour financer des études qui lui assureront une vie confortable. Et un paysan du Burundi ou de Somalie – pays les plus pauvres du monde – n’ayant aucun crédit serait plus riche qu’un jeune cadre américain ayant tout juste terminé ses études.

Avec un tel raisonnement, les chiffres d’Oxfam deviennent tout simplement ubuesques : à les croire, 22 % des adultes vivant aux Etats-Unis (55 millions) et 14 % de ceux vivant en France (7 millions) appartiendraient au groupe des 10 % les plus pauvres de la planète. Il y aurait même plus de pauvres aux Etats-Unis, en France, ou en Suisse qu’en Afghanistan, en Syrie ou en Erythrée.

Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que, selon Oxfam, pour appartenir aux 10 % les plus pauvres de la planète, il faut une richesse négative, c’est-à-dire avoir emprunté davantage que la valeur de son patrimoine ; ce qu’en réalité, seuls les plus riches peuvent faire. Et l’adage le dit bien : « On ne prête qu’aux riches »!

Les 6 autres erreurs à lire sur le site de l’Express (sur abonnement) : avec 1 dollar, on achète la même chose partout ; gagner 100 000 euros par an ou posséder une maison qui vaut 100 000 euros, c’est pareil ; l’imposition des revenus et celle du patrimoine sont identiques ; les inégalités mondiales ont explosé ; si les riches sont moins taxés, la pauvreté augmente ; taxer les actions de Bernard Arnault bénéficiera aux plus pauvres

Les auteurs : Pierre Bentata, maître de conférences, Aix-Marseille Université ; Guillaume Bazot, maître de conférences, université Paris VIII ; Nicolas Bouzou, économiste, directeur du cabinet Asterès ; Julien Damon, professeur associé à Sciences Po et HEC ; Jacques Delpla, professeur associé à Toulouse School of Economics ; Antoine Levy, post-doctorant à Berkeley Haas School of Business ; Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari ; Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari ; Erwan Le Noan, consultant en stratégie chez Altermind.

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