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Le pouvoir d’achat grevé par la règlementation et la fiscalité

INFO LE FIGARO - Une étude inédite de l’Institut économique Molinari chiffre à près de 4300 euros par an la perte nette pour un ménage français du fait d’excès de normes et fiscalités

par Manon Malhère, Le Figaro du 13 décembre 2022.

Alors que la question du pouvoir d’achat est la préoccupation majeure des Français depuis plus d’un an, loin devant les sujets d’emploi ou de sécurité, une étude inédite de l’Institut Molinari chiffre le poids des excès de réglementation, notamment sociale, et de fiscalité, en particulier sur la consommation, sur le niveau de vie des ménages par rapport à leurs homologues européens.

D’après l’analyse du think-tank libéral, réputé pour son calcul du « jour de libération fiscale » des pays, la facture n’atteindrait pas moins de 4 300 euros par an. Une somme conséquente, qui plus est en période d’inflation galopante et en pleine crise énergétique. Les impôts de production, qui grèvent l’initiative des entrepreneurs et limitent les créations d’emplois, ainsi que l’absence de diversité dans les financements de la retraite, notamment en ne recourant pas à la capitalisation, sont autant de freins à lever pour redonner du pouvoir d’achat aux Français.

4300 euros par an la perte nette pour un ménage français du fait d’un excès de normes

Au centre des débats lors de la dernière campagne présidentielle, la question du pouvoir d’achat tourne à l’obsession pour le gouvernement qui redoute un nouveau mouvement des « gilets jaunes » dans ce contexte de crise énergétique et d’inflation galopante. Après deux années de crise Covid, il n’est pas question de lésiner sur les moyens pour atténuer le niveau de vie des ménages français avec plus de 110 milliards d’euros engagés entre 2021 et 2023. Chèque énergie, indemnité inflation, chèque fioul, indemnité carburant… la politique court-termiste et coûteuse du carnet de chèques n’apporte pas de solutions structurelles pour améliorer les fins de mois des contribuables. Or les lourdes réglementations et la forte fiscalité réduisent le pouvoir d’achat d’un ménage moyen de pas moins de 4300 euros par an par rapport à la moyenne européenne, déplore l’institut économique Molinari (IEM) dans une étude que dévoile Le Figaro.

Pour arriver à ce chiffrage, l’organisme de recherche a concentré son travail sur quatre «handicaps» tricolores, avec en tête de liste le niveau des taxes sur la consommation qui suscite de vifs débats en cette période de flambée des prix. « Le total des impôts sur la consommation est plus élevé en France (12,3 % du PIB) que dans l’UE (11,3 %) », observe l’IEM dont les experts évaluent le coût par ménage à quelque 7400 euros par an, soit 600 euros en plus par rapport à la moyenne européenne.

Les impôts sur les produits et les entreprises

La TVA n’est pas le seul impôt à peser lourd, de nombreuses taxes particulières sont aussi pointées du doigt. Et l’institut Molinari d’insister sur leur poids pour les automobilistes qui font face à une pression fiscale sur les carburants bien plus forte que dans d’autres pays. Et ce malgré la ristourne de 10 centimes par litre à la pompe en vigueur jusqu’à la fin de l’année pour faire face à la hausse des prix et l’indemnité carburant de 100 euros qui la remplacera en janvier pour la moitié d’entre eux… Revoir les curseurs reste toutefois délicat, nombre d’économistes insistant, au contraire, sur la nécessité de relancer la taxe carbone sur les carburants en vue de pénaliser l’utilisation des énergies fossiles.

Autre chantier passé au crible par l’IEM: les impôts de production, qui pèsent toujours plus lourdement sur les entreprises tricolores que leurs homologues européennes, en dépit de la baisse de 10 milliards d’euros appliquée depuis 2021. Cette fiscalité – qui frappe les sociétés avant même de faire des bénéfices – a un impact indirect sur le salarié, avec une perte de 900 euros par an. Et, par rapport à l’Allemagne, ce manque à gagner grimpe à 1700 euros. Dans une économie ouverte, « les entreprises sont rarement à même de reporter cette fiscalité sur leurs clients ou actionnaires. La fiscalité de production est largement répercutée sur les salariés » via des rémunérations plus faibles, explique Nicolas Marques, directeur général de l’Institut Molinari.

Le logement, les retraites

L’institut s’attaque aussi aux dépenses de logement qui ont explosé, passant de 11 % à 28 % entre 1959 et 2021. Certes, le phénomène n’est pas spécifique à la France, mais les Français paient davantage avec un surcoût annuel d’environ 1100 euros par ménage par rapport à leurs voisins européens. Pour l’IEM, les réglementations multiples – notamment environnementales – qui freinent la délivrance des permis de construire depuis les années 1990 sont en partie responsables car elles limitent l’offre et contribuent ainsi à la flambée des prix. Un sujet inflammable…

Enfin, les salariés pâtissent du système de retraites actuel exclusivement par répartition (les actifs cotisent pour les retraités). Le surcoût est estimé à 1700 euros par an pour un salarié français en raison de cotisations plus élevées (28 % des salaires bruts) par rapport à la moyenne européenne (22 % des salaires bruts). De quoi alimenter un peu plus l’épineux débat sur l’introduction d’une dose de capitalisation qui permettrait de faire fructifier de l’argent placé sur les marchés.

A lire en complément, l’entretien avec Mathieu Lefèvre, député Renaissance du Val-de-Marne, dans le cadre du lancement de l’étude : «Nous pouvons faire mieux sur le logement»

Nicolas Marques

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