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Investir pour protéger la société et l’économie

Encore une fois, nous découvrons que l’épidémie n’est pas dernière nous. Il est grand temps d’investir dans les moyens dont nos sociétés ont besoin pour gérer le risque pandémique. En dehors de l’énorme élan en faveur de la vaccination, une réflexion plus globale sur la gestion d’une pandémie dans un monde hyperconnecté fait défaut. Il faut déployer des moyens supplémentaires pour retrouver une vie relativement normale. Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.

Laisser les contaminations se propager nous amène à renoncer à une promesse et une victoire du monde moderne, celui de pouvoir vivre sans risque dans des lieux hyper denses et de bénéficier ainsi de la spécialisation des uns et des autres. Les réseaux sont au cœur du fonctionnement de nos sociétés modernes et complexes. Sans eux, il n’est pas sûr qu’elles puissent survivre à ce degré de complexité.

Nos ancêtres l’avaient bien compris lorsque se posait la question, dans des villes de plus en plus peuplées, du captage, de la distribution et de l’évacuation de l’eau. Comme l’a écrit l’historien économique François Caron, la question des égouts dans les grandes villes européennes était au cœur des préoccupations dans la mesure où la gestion des eaux usées a un lien avec la salubrité de l’eau distribuée aux citadins. Au XIXème siècle, de nombreuses villes européennes investissaient dans les tout-à-l’égout. La mise en place de réseaux d’assainissement moderne leur permettait de transporter et traiter les eaux usagées, pour résoudre les problèmes de pollution et de santé. Cette innovation s’avérera clef pour l’assainissement des villes et leur densification. Pour autant, le milieu médical, scientifique et certains lobbys sont restés trop longtemps divisés sur l’intérêt de ces investissements massifs.

De la même façon, l’hyper connexion du monde moderne rend nos réseaux fragiles au risque pandémique. D’où le rêve d’un vaccin sésame pour éliminer le virus et nous rendre à nos vies normales prépandémiques. Malheureusement, nous avons su très vite que le vaccin ne permettait pas de stopper les transmissions. Efficace contre les formes sévères de la maladie, il ne permet pas d’éradiquer la pandémie. On a quand même voulu y croire, ce qui explique que nombre de nos pays occidentaux acceptent des niveaux de contaminations sans précédent, ce qui génère des effets pervers. Outre le long Covid, réalité incontournable même s’il existe un débat sur son ampleur, les contaminations génèrent les mutations et c’est ainsi que nous avons vu apparaître Omicron. La vaccination a pu faire croire que les contaminations n’étaient plus une variable déterminante. En fait, elles le restent, ne serait-ce que pour ne pas gaspiller nos efforts. Par conséquent, vivre avec le virus doit signifier investir pour minimiser sa dissémination et son impact sur nos vies.

Or des solutions existent, qu’il s’agisse de se tester massivement ou de se protéger en équipant les lieux publics en systèmes de ventilation efficaces. A ce stade, nous investissons, par exemple, dix fois moins qu’en Amérique du Nord pour protéger les écoles et l’écart est encore plus élevé avec l’Allemagne ou les Pays-Bas. Commençons par sécuriser les classes et les cantines, en investissant massivement dans l’aération, estimé par le groupe Nous aérons à 1 milliard d’euros. Eu égard au manque-à-gagner généré par la crise sanitaire en termes de PIB, avec plus de 250 milliards de PIB perdus, et au rôle de l’école c’est typiquement un investissement incontournable et rentable.

Cécile Philippe

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