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L’élimination à portée de main: libérons-nous du virus!

« Nous sommes aujourd’hui en mesure de gagner la bataille contre Covid19, si nous décidons de façon déterminée de tracer tous les cas et de remonter les chaînes de transmission, tout en protégeant les zones sans virus. » Analyse d’Antoine Flahault, de l’Institut de santé globale (Université de Genève) et de Cécile Philippe (Institut économique Molinari), publiée dans Ouest France le 6 juillet 2021.

Nous vivons un moment charnière. Pour la deuxième fois, nous avons l’opportunité d’éliminer le Covid19 et de rendre peu probable un retour de l’épidémie à l’automne. On sait qu’il est contreproductif d’arrêter de façon prématurée les traitements anti cancéreux qui fonctionnent. C’est pourtant ce que nous faisons depuis le début de cette épidémie, en considérant que la baisse du nombre de cas est le seul objectif et qu’on peut relâcher les efforts lorsqu’elle se produit. Or, comme les mois passés l’ont parfaitement démontré, cela ne suffit pas à éviter le redémarrage de la pandémie faute d’une remontée systématique des chaînes de contamination. Le fatalisme à l’égard de ce virus est sans doute ce qui a causé le plus de dégâts humains, économiques et en termes de liberté.

Une remontée du nombre de cas à craindre

En ce début d’été, le nombre de cas journaliers a atteint un niveau jamais atteint depuis la fin du premier confinement en mai 2020. C’est le fruit des efforts des Français. Cet effort nous permettrait de mettre un coup d’arrêt durable à cette épidémie, si nous nous inspirions des stratégies Zéro-Covid mises en œuvre avec succès en Australie et Nouvelle-Zélande. Dans le cas contraire, on risque de se retrouver, une fois plus, à l’automne ou même plus tôt, avec une remontée du nombre de cas. La présence en France du variant Delta (indien) qui, sous les pressions évolutionnistes, est plus contagieux et plus dangereux notamment pour les enfants, rend cette issue hautement probable.

Depuis le début de la crise, le triptyque « tester, isoler, tracer » constitue la pierre angulaire du succès dans toute une série de pays, dont la France ne fait malheureusement pas partie. Il est au cœur de la stratégie dite d’élimination ou Zéro Covid parce que la dynamique de ce virus est telle qu’en l’absence d’une réponse rapide et forte, le nombre de cas augmente de façon exponentielle. Il n’est alors plus possible de tracer les cas et de remonter les chaînes de contaminations.

Le nombre limité de contaminations, opportunité pour basculer dans l’élimination

Le nombre limité de contaminations est une opportunité pour basculer dans l’élimination, car le coût de cet investissement n’a jamais été aussi faible. Ce serait le meilleur investissement humain et économique que nous puissions faire pour les mois et années à venir car, à ce jour, rien ne nous permet de croire que la vaccination suffira, à elle seule, à éviter une reprise problématique des contaminations.

Les pays (Australie, Nouvelle-Zélande, Corée du Sud) qui, depuis le début de l’épidémie, éliminent systématiquement le virus sont dans une bien meilleure situation que nous. Ils ont sauvé beaucoup de vies en empêchant des décès qui étaient évitables, avec 50 fois moins de morts par millions d’habitants.

L’enjeu : déployer un traçage performant

Nous sommes aujourd’hui en mesure de gagner la bataille contre Covid19, si nous décidons de façon déterminée de tracer tous les cas et de remonter les chaînes de transmission, tout en protégeant les zones sans virus. Plus que jamais c’est une question de volonté et d’organisation. L’enjeu est de déployer un traçage performant, allant bien au-delà des 2,5 cas contacts par personne positive aujourd’hui suivis par la sécurité sociale. Notre pire ennemi est notre fatalisme, cette croyance que nous ne pouvons pas y arriver, alors que nous avons été capables d’efforts majeurs, trop souvent gâchés par un manque d’organisation.

Cécile Philippe

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