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Zéro Covid, pour libérer société et économie

Les pays qui ont mis en place les stratégies les plus drastiques pour contenir le virus Sars-CoV-2, à l’image de Taïwan ou de la Nouvelle-Zélande, sont les pays où le nombre des morts est resté très faible. Mais ce sont aussi les pays où l’impact économique de l’épidémie a été le plus limité. Texte d’opinion par Cécile Philippe, présidente-fondatrice de l’Institut économique Molinari, publié dans Les Échos.

Depuis le début de la crise sanitaire liée au virus Sars-CoV-2, les mesures sanitaires et les recommandations ont toutes eu pour objectif de limiter les liens sociaux pour éviter les chaînes de contaminations. Comme les liens sociaux sont en partie des liens économiques, nécessaires à la survie de nos sociétés, les objectifs sanitaires et économiques ont souvent été présentés comme difficile à concilier, d’où la nécessité de compromis entre objectifs antinomiques. Il s’avère qu’au terme de 12 mois de lutte contre cette pandémie mondiale, cette dichotomie ne paraît plus aussi claire. Les pays qui ont refusé les compromis et décidé d’éliminer le virus, s’en sortent très honorablement, aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique.

Stratégie Zéro Covid

C’est le constat qu’a fait, début septembre, un chercheur de l’université d’Oxford. Joe Hasell, membre de l’équipe du site « Our World in Data », une référence en matière de données comparatives sur le virus. Données et graphiques à l’appui, il « constate que les pays qui ont les ralentissements économiques les plus forts – comme le Pérou, l’Espagne et le Royaume-Uni – sont aussi les pays qui ont les taux de mortalité au Covid-19 les plus élevés. L’inverse est vrai : les pays où l’impact économique a été le plus modeste – Taiwan, Corée du Sud ou la Lituanie – ont réussi à maintenir des taux de mortalité bas. »

Michael Baker, épidémiologiste et professeur à l’université d’Otago, architecte de la stratégie Zéro Covid en Nouvelle-Zélande , fait le même constat. Il souligne que Taiwan – qui met en oeuvre une stratégie d’élimination du virus depuis le début – est l’un des rares pays à enregistrer une croissance positive en 2020. De même la Nouvelle-Zélande, l’Australie et la Corée du Sud connaissent des ralentissements économiques moindres que ceux que l’on rencontre communément en Europe. Selon les prévisions de l’OCDE, le recul du PIB y serait respectivement de 4,8 %, 3,8 % et 1,1 % contre -6,7 % pour la zone euro et -8,2 % pour la France. Une étude récente portant sur le Canada semble aussi pointer dans cette direction, avec 1,2 % de croissance en plus dans les provinces et territoires où la stratégie Zéro Covid a été mise en oeuvre.

Un bon investissement

Des ordres de grandeur sur le coût des différentes alternatives existent en France. Un mois de confinement à l’image de celui de novembre, coûterait 20 milliards d’euros aux finances publiques et le couvre-feu actuel 10 milliards. Si un certain flou entoure la production de ces chiffres, il est néanmoins intéressant de les comparer dans la durée. En effet, un confinement peut s’avérer un bon investissement s’il libère durablement du virus alors que des demi-mesures moins onéreuses au départ, qui laissent circuler un virus contagieux et mutant, peuvent coûter autant si elles s’installent dans le temps . Tout l’intérêt de la stratégie Zéro Covid est, justement, d’offrir une date de fin de confinement avec un retour à la normale, dès que le nombre de cas est passé sous un seuil très bas, avec un suivi efficace grâce aux tests (que nous avons dorénavant), au traçage, à l’isolement et à la quarantaine. Plus encore, là où elle est appliquée, la stratégie d’élimination a évité nombre de décès. Alors que nous avons dépassé les 83.000 morts, la Nouvelle Zélande déplore 25 décès depuis le début et l’Australie 909. La stratégie Zéro Covid ouvre des perspectives intéressantes, en alignant défis économiques et sanitaires.

Image par Hermann Kollinger de Pixabay

Cécile Philippe

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