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Covid-19, le vrai coût des demi-mesures

La fatigue à l’égard du confinement s’installe en France. Depuis le début de la crise sanitaire, nous n’avons réussi à vivre presque normalement que pendant une période courte, de juillet à la Toussaint. Or les résultats ne sont pas au rendez-vous et la démoralisation s’installe. Un problème que n’ont pas les pays ayant réussi à bloquer la pandémie. Texte d’opinion par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publié dans Le Point.

La fatigue à l’égard du confinement s’installe en France. Depuis le début de la crise sanitaire, nous n’avons réussi à vivre presque normalement que pendant une période courte, de juillet à la Toussaint. Or les résultats ne sont pas au rendez-vous. La démoralisation s’installe progressivement et instille à raison le doute à l’égard des mesures restrictives prises pour lutter contre la pandémie. Ne nous trompons cependant pas de combat. La question n’est pas de confiner ou pas, mais de savoir si les demi-mesures peuvent réussir face au Covid-19.

Le rejet du confinement en France se répand. Il est raisonnable puisqu’en dépit des efforts nous n’avons pas pu reprendre des vies normales. Nous n’avons jamais réussi à passer en dessous des 5 000 cas par jour en dépit de mesures contraignantes, comme la généralisation du télétravail, le port du masque obligatoire, la fermeture totale des bars et des restaurants, le couvre-feu à 18 heures. On est en droit de se demander si les efforts consentis sont à la hauteur des résultats obtenus. En France, nous enregistrons plus de 1 100 décès par million d’habitants, alors que le Japon en déplore 44, l’Australie 36, la Corée du Sud 28 et la Nouvelle-Zélande 5. Nos laboratoires et nos services de santé ne désemplissent pas. Les cafés et les restaurants sont fermés depuis fin octobre, alors qu’en Nouvelle-Zélande le Nouvel An réunissait des milliers de personnes sans masque.

Une vie presque normale

Les uns auraient-ils été confinés et pas les autres ? Non, la différence n’est pas dans le fait d’être pour ou contre le confinement, mais dans le type de confinement choisi. Les pays cités n’ont pas fait le choix du demi-confinement à durée indéterminée, mais celui du confinement strict à durée limitée. Ils ont d’emblée choisi d’éliminer le virus plutôt que d’essayer de vivre avec.

Outre les chiffres de mortalité, les populations arrivent à vivre normalement pendant des périodes prolongées et ne subissent des confinements stricts qu’à intervalles éloignés. En novembre, l’Australie du Sud s’est confinée avec succès pendant six jours. À ce jour, le pays compte moins de 15 nouveaux cas par jour. Globalement, depuis le début de la pandémie, on y dénombre 40 fois moins de malades par million d’habitants et 30 fois moins de morts par rapport à la France.

Dans cette lutte au long cours, cette stratégie a le mérite évident de produire des résultats concrets en un temps limité. Cela préserve les forces de la nation, de la société et de l’économie. Si ces mesures radicales sont, au départ, plus lourdes, la semaine de confinement strict coûtant trois fois plus cher que celle de couvre-feu, selon le Trésor, elles pourraient être plus économiques car concentrées dans le temps.

Efforts limités dans le temps

La stratégie « zéro Covid » a aussi l’indéniable avantage, parce que les efforts sont limités dans le temps, d’aligner les intérêts des uns et des autres et d’éviter les choix éthiques inadmissibles dans des sociétés civilisées : demander aux 27 millions de séniors de s’isoler durablement, fermer les cafés, les restaurants pour une durée indéterminée, imposer aux équipes médicales un rythme effréné et des choix douloureux, etc.

Autre avantage considérable, les nouvelles souches ne circulent pas dans les zones sans virus. Ce n’est pas un résultat anodin quand les données s’accumulent sur la possible moindre efficacité des traitements et vaccins sur certaines mutations récentes.

Aujourd’hui, deux stratégies sont testées en grandeur nature dans la lutte contre le Covid-19. La première pense pouvoir vivre avec le virus pour ménager l’économique et le sanitaire. La seconde refuse d’emblée ce calcul et propose de l’éradiquer. Force est de constater que les résultats de la stratégie « zéro Covid », promue par l’expert en systèmes complexes Yaneer Bar-Yam, sont au rendez-vous. Nous devrions les méditer. Dans ses Caractères, Jean de La Bruyère souligne que « la plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d’un grand effort que d’une longue persévérance : leur paresse ou leur inconstance leur fait perdre le fruit des meilleurs commencements ». Trois cent trente-trois ans plus tard, le propos reste d’actualité.

Cécile Philippe

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