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«Notre» reprise ou celle des autres?

Texte d’opinion publié dans l’édition de mai 2015 du magazine Courrier Cadres & Dirigeants.

Les nouvelles d’une reprise économique, quoique timide, commencent à se répandre. Les exportations, l’investissement étranger et les salaires ont augmenté. La BCE revoit à la hausse ses prévisions pour la croissance française en 2015. L’Europe semble, quant à elle, avoir repris le chemin de la croissance depuis 2012.

S’il est trop tôt pour se réjouir, il faut surtout éviter de se faire des illusions car, à ce stade, le moteur de la reprise en France se trouve à l’extérieur du pays. En effet, la hausse des exportations n’est pas le résultat d’un regain de compétitivité structurelle mais fait suite à une dépréciation de l’euro, conséquence directe d’une politique monétaire plus qu’accommodante de la BCE.

L’augmentation de l’investissement étranger pourrait par ailleurs n’être que le résultat du fait qu’un relèvement du taux directeur américain se fait de plus en plus imminent tandis que la politique monétaire expansionniste européenne fait figure d’un nouvel Eldorado, attirant ainsi les investissements.

Enfin, si la hausse des salaires en France est évidemment une bonne nouvelle, elle l’est surtout pour les salariés qui ont su garder leur emploi. Cette hausse ne concerne pas les chômeurs, dont le nombre ne cesse d’augmenter depuis la crise de 2008. En dehors du chiffre de février qui semblait moins mauvais qu’habituellement du fait d’une correction statistique de grande ampleur, les chiffres de mars montrent que le chômage continue sur sa lancée (+ 0,4 % [[* Pour les demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégorie A, selon l’organisme.]]).

AUCUNE RÉFORME CONJONCTURELLE MAJEURE

Le désir de croire en un début de reprise doit raison garder. Car une reprise réelle se voit à des indicateurs toujours dans le rouge. Il faut, en effet, une hausse concomitante de la production, de la consommation, de l’emploi, de la création d’entreprises, et des salaires. Or, les chiffres de l’emploi et de la création d’entreprises restent mauvais même si, grâce aux micro-entrepreneurs, les choses s’améliorent légèrement. La production continue de stagner.

Il semblerait donc que le semblant de reprise constaté en France soit surtout lié à la conjoncture économique extérieure. Or, pour être durable la reprise doit se fonder sur des structures solides et sur une conjoncture intérieure favorable. Aucune réforme structurelle majeure n’a été entreprise en France et ne peut donc donner une base solide à cette reprise. Les cotisations sociales sont au plus haut, les déficits des cais ses de retraites en augmentation, les impôts n’ont pas cessé de croître, pénalisant ainsi la consommation et l’accumulation d’un capital nécessaire à l’investissement. Enfin, le code du travail reste toujours aussi rigide et les réglementations paralysantes.

In fine, si nous continuons à reporter les réformes en France mais souhaitons que l’embellie conjoncturelle dure, il faudrait que les réformes s’accélèrent chez nos voisins ! Il va sans dire qu’en initiant nous-mêmes la chose, nous pourrions vraiment compter sur une reprise durable et favorable aux Français.

Gabriel A. Giménez Roche est chercheur associé à l’Institut économique Molinari.

Gabriel A. Giménez-Roche

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