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C’est Bruxelles et pas Microsoft qui menace la concurrence

Cet article a été publié dans L’Agefi, Suisse, le mercredi 18 avril 2007.

Sous prétexte de protéger la concurrence, Bruxelles a franchi une nouvelle étape dans son tour de force face à Microsoft. Après des amendes records et une obligation de divulguer des informations stratégiques à ses concurrents, la Commission européenne s’oriente vers un contrôle des prix de ces informations.

Sous prétexte de protéger la concurrence, Bruxelles a franchi une nouvelle étape dans son tour de force face à Microsoft. Après des amendes records et une obligation de divulguer des informations stratégiques à ses concurrents, la Commission européenne s’oriente vers un contrôle des prix de ces informations.

Cette volonté de la Commission d’influencer les prix comporte plusieurs effets pervers directs. D’une part, dans un cadre de libre concurrence, ce sont bien les consommateurs qui se prononcent in fine sur le caractère suffisamment innovant ou pas d’un produit ou service en décidant de l’acheter ou pas. Or, en l’occurrence ce sont des technocrates à la Commission qui ont décidé que les informations fournies par Microsoft «ne contiennent pas d’innovations significatives». Laisser la Commission décréter en la matière ne favorise en rien la libre concurrence.

D’autre part, alors que la libre concurrence repose sur des échanges volontaires et une libre négociation des prix, à l’évidence la Commission leur porte atteinte aussi. Après avoir voulu créer par la force un «marché» artificiel des informations sur l’interopérabilité du système d’exploitation Windows, la Commission est inéluctablement amenée à vouloir également contrôler leurs prix. Mais le véritable danger provient de la vision de la concurrence – basée en termes de parts de marché – qui a poussé la Commission à condamner à l’origine Microsoft pour «abus de position dominante». Or, ce n’est pas parce qu’une entreprise équipe la très grande majorité des PC dans le monde que la pression concurrentielle s’en trouve diminuée. Celle-ci peut non seulement provenir de systèmes d’exploitation déjà existants, mais aussi de l’entrée de concurrents potentiels.

Il est déjà possible d’opter pour le système d’Apple en achetant un de leurs ordinateurs ou de s’équiper gratuitement du système d’exploitation Linux. Des sociétés comme Red Hat ou SUSE se sont spécialisées dans sa vente.

S’il y avait une réelle demande pour d’autres options que le système d’exploitation de Microsoft, des entreprises ne tarderaient pas à se spécialiser pour la satisfaire. A contrario, si Microsoft reste «dominant», c’est parce qu’il propose la meilleure alternative du moment.

Mais la concurrence peut aussi provenir de nouveaux joueurs. Red Hat et Intel viennent ainsi de s’associer pour que les revendeurs de ce dernier puissent «se lancer rapidement sur le marché Linux en plein essor et fidéliser leurs clients avec des offres plus avantageuses».

Mais la Commission n’a-t-elle pas déjà en ligne de mire Intel à cause d’un autre présumé «abus de position dominante» car celui-ci détiendrait 80% des parts sur le marché mondial des processeurs? La politique anti-«position dominante» de Bruxelles ne peut que pousser Intel à s’abstenir de contester pleinement le «quasi-monopole» de Microsoft, si jamais une opportunité à mieux satisfaire les consommateurs se présentait. La libre concurrence n’a pas besoin d’être protégée de Microsoft mais de Bruxelles

Valentin Petkantchin, directeur de la recherche, Institut économique Molinari

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