Le Conseil d’Orientation des Retraites sous influence ?
Brève publiée le 21 janvier 2010 sur le site du Journal du Dimanche.
En 2010, l’ensemble des régimes obligatoires de retraite devrait afficher un besoin de financement supérieur à 25 milliards. Ce chiffre, calculé en additionnant les déficits des régimes du privé et une partie des déficits publics, correspond au déficit qu’on pensait atteindre en 2020. Dans sa dernière projection, datant de 2007, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) tablait en effet sur un besoin de financement à 15,1 milliards d’euros en 2015 et 24,8 milliards en 2020, chiffres qui devraient être dépassés dès cette année.
Officiellement, cette erreur de prévision serait due à la crise actuelle, par nature imprévisible. Mais à regarder les projections de 2007 de plus près, on se rend compte que le COR avait travaillé à partir d’hypothèses qu’aucun actuaire indépendant n’aurait retenues. Il tablait sur un chômage ramené à 4,5% en 2015, un taux jamais atteint en France depuis trente ans… Avec une hypothèse aussi peu réaliste, il n’est pas surprenant que les projections sur l’équilibre des régimes de retraites soient erronées et que le déficit prévu pour 2020 soit déjà atteint.
Une telle légèreté de la part d’une institution destinée à «orienter» le débat sur les retraites, sujet fondamental engageant l’avenir de tous les Français, est inquiétante. L’explication de ce dérapage n’est en aucun cas technique. Le COR a accès à toutes les ressources de la statistique publique; il n’a pas pu pécher par amateurisme. Les raisons de cette erreur sont vraisemblablement politiques. Le COR est liée à la fois aux pouvoirs publics, qui le financent et désignent ses membres, et aux partenaires sociaux, qui sont très nombreux à y siéger. Il court sans doute plus de risques à déplaire à ces derniers qu’à publier des prévisions de nature à légitimement semer le doute sur la pérennité de nos régimes de retraites.
Nicolas Marquès est chercheur associé à l’Institut économique Molinari