9 questions pour Cécile Philippe : Votre parcours intellectuel, universitaire et professionnel (1)
Première question tirée d’une grande interview réalisée par Grégoire Canlorbe avec Cécile Philippe, directrice générale de l’IEM, pour le compte de l’Institut Coppet.
Première question tirée d’une grande interview réalisée par Grégoire Canlorbe avec Cécile Philippe, directrice générale de l’IEM, pour le compte de l’Institut Coppet. En plus d’avoir été publiée sur le site de l’Institut Coppet, cette interview a été publiée sur le site de 24hGold et dans le numéro 16 de la revue Laissons Faire.
Grégoire Canlorbe: Pourriez-vous commencer par nous rappeler votre parcours intellectuel, universitaire et professionnel? En particulier pourriez-vous revenir sur les raisons qui vous ont successivement poussée à fonder l’Institut économique Molinari, à mettre en place l’Université d’Automne en économie autrichienne et à écrire vos deux essais respectifs sur le développement durable et sur le modèle français?
Cécile Philippe: Après un bac B d’économie, j’ai intégré l’Université Paris-Dauphine afin d’y faire ce qu’on appelait à l’époque une maîtrise de sciences de gestion. Je n’y ai pas trouvé mon bonheur. Entre le modèle IS-LM, la théorie néoclassique et la théorie de la valeur travail chez Marx, je n’arrivais pas à trouver de réponse à ma grande question: comment fonctionnent le monde et nos institutions. Du coup, j’ai multiplié les démarches entrepreneuriales en suivant le cursus création d’entreprise, en participant à un raid humanitaire en Afrique et en voyageant en Asie. C’est alors que j’ai eu l’idée de suivre – toujours à Dauphine, un Desup de gestion des entreprises dans les pays en développement. Grand bien m’en a pris. Car outre le fait d’être entourée dans le cadre de ce diplôme d’élèves de différentes nationalités – notamment africains et asiatiques – aussi intéressants que sympathiques, j’ai eu aussi la chance cette année-là (en 1998) de découvrir l’école d’économie autrichienne.
En effet, le professeur Pascal Salin enseignait alors un cours d’économie internationale et il nous mentionna des auteurs comme Friedrich A. Hayek, Ludwig von Mises, etc. Ce fut comme un déclic. Moi qui n’avais qu’une chose en tête depuis mon entrée à l’université – la quitter pour trouver un job – je ne pouvais plus envisager de m’arrêter en si bon chemin. Il fallait que j’en sache plus maintenant que j’avais trouvé ce qui faisait sens pour moi.
Du coup, j’ai enchaîné avec un DEA au Centre d’analyse économique de l’Université Aix-Marseille III. J’y ai passé une année passionnante avec des professeurs comme Gérard Bramoullé, Jacques Garello, Jean-Pierre Centi et cela m’a décidé à faire une thèse à Paris sous la direction de Pascal Salin. En toute dernière année de thèse, je me suis vu offrir une bourse privée (la Rowley Fellowship) par le Mises Institute et il n’en fallu pas plus pour que je m‘envole vers les États-Unis. Je suis restée à Auburn (Alabama) environ un an et demi et cette expérience au sein d’un think tank a été très marquante pour moi. En effet, cet institut fêtait en 2002 ses 20 ans et je restais ébahie devant le travail accompli. Ayant moi-même une fibre intellectuelle et entrepreneuriale, je me suis alors dit que l’idéal serait de conjuguer les deux en créant à mon retour en Europe un think tank qui serait dédié aux questions d’analyse des politiques publiques. C’est ce que j’ai fait en 2003: en même temps que je soutenais ma thèse, je créais l’institut économique Molinari.
Après, tout est question d’opportunité et de rencontres. Au Mises Institute, j’ai eu la chance de rencontrer Guido Hülsmann qui depuis est devenu professeur à l’Université d’Angers. Dès la création de l’IEM, j’ai par ailleurs crée un séminaire «Action humaine» qui consistait à décortiquer et analyser l’ouvrage de Ludwig von Mises. Il rassemblait des personnes comme Marian Eabrasu, Gabriel Gimenez-Roche, Nikolay Gertchev, etc. avec lesquels j’ai noué des liens amicaux et intellectuels durables. Ensemble, avec le soutien du créateur du site Internet 24hGold tout aussi féru que nous d’économie autrichienne, nous avons pu réaliser un rêve: mettre sur pied une université d’automne visant à initier les jeunes et les moins jeunes à ce courant de pensée économique sans doute trop méconnu et que je crois néanmoins fondamental à la compréhension du monde qui nous entoure.
Cécile Philippe est directrice générale de l’Institut économique Molinari.
L’interview en parties
Votre parcours intellectuel, universitaire et professionnel (1)
Le marché du travail français (2)
La mondialisation des échanges marchands (3)
La théorie dite autrichienne du cycle des affaires (5)