Il n’y a pas que l’avidité
Article publié dans le New York Times, le 30 janvier 2011.
La crise financière de 2008 aurait-elle pu être évitée? Rappelons que de nombreuses crises ont eu lieu depuis des siècles dans le monde entier. Ainsi, pour les comprendre, il ne suffit pas de parler des subprimes, des produits dérivés ou de la déréglementation financière. Pour être complet, il faut identifier les causes communes à toutes ces crises.
L’une d’entre elles est sans aucun doute la recherche du profit, la célèbre avidité du secteur financier. Pourtant, cette explication aussi est incomplète. Certes, on ne peut pas nier que les acteurs sur les marchés soient là pour gagner de l’argent et saisir toutes les occasions de s’enrichir. Mais tous les secteurs économiques recherchent le profit. Et pourtant, les crises se produisent presque exclusivement dans le secteur financier. Pourquoi?
Parce que les gouvernements protègent depuis longtemps les institutions financières contre les risques liés à leurs activités de prêt et de trading. Aux États-Unis, la banque centrale (Fed) a précisément été créée dans ce but : protéger le secteur bancaire des pertes subies lors des paniques bancaires. Avant elle, la Banque d’Angleterre était déjà un partenaire accommodant des banques britanniques. Depuis au moins un siècle, ce schéma est vrai dans la plupart des pays.
Avec la doctrine du too big to fail, le gouvernement américain a fait savoir explicitement dans les dernières décennies qu’il ne laisserait pas les grandes institutions financières subir de plein fouet les conséquences de leurs prises de risque. Par conséquent, ces institutions en ont pris de plus en plus grands. La Fed ne fit que jeter de l’huile sur le feu quand son désormais tristement célèbre président, Alan Greenspan, leur offrit son soutien dès l’explosion de la bulle immobilière aux États-Unis. Le message était clair : « ne vous souciez pas du risque, Oncle Sam viendra vous sauver si les choses tournent mal. »
Pour éviter les paniques à venir, les gouvernements doivent cesser de voler au secours des banques et laisser les marchés punir toute prise de risque excessive. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais rien d’autre ne pourra limiter le nombre et l’ampleur des crises futures.
Jeffrey A. Miron est maître de conférences et directeur des études de premier cycle en économie à l’Université de Harvard et chercheur au Cato Institute de Washington.
Traduction Jan Laarman.