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Faut-il légiférer dans la lutte contre l’obésité ?

Article publié exclusivement sur le site de l’Institut économique Molinari.

L’UFC-Que Choisir a lancé, il y a quelques jours, une campagne afin de promouvoir une « loi interdisant la diffusion des publicités pour les produits les plus gras et les plus sucrés, lors des programmes pour enfants ». Ce serait avant tout diaboliser certains produits de manière arbitraire pour des résultats fort incertains concernant l’obésité.

L’UFC-Que Choisir a lancé, il y a quelques jours, une campagne afin de promouvoir une « loi interdisant la diffusion des publicités pour les produits les plus gras et les plus sucrés, lors des programmes pour enfants » (voir l’article de Laurence Girard, « L’UFC demande une loi de prévention de l’obésité infantile », Le Monde, 18 septembre 2007). Elle souhaite en parallèle dynamiser la consommation de produits « équilibrés » par une baisse de la TVA et une réduction du coût d’achat de l’espace publicitaire pour ces produits. De telles mesures permettraient, selon l’UFC, de lutter contre l’obésité infantile. Or, ce serait avant tout diaboliser certains produits de manière arbitraire pour des résultats fort incertains concernant l’obésité.

La décision d’acheter un produit alimentaire relève d’un choix individuel, donc nécessairement subjectif. Parmi les motifs de ce choix, on peut trouver, certes, le caractère « sain » ou « malsain » de l’aliment. Mais de très nombreux autres motifs sont pris en compte par l’individu, tels que le plaisir gustatif lié à sa consommation. Une vision de l’alimentation exclusivement basée sur des ratios (taux de sucre, de sel, de matières grasses) ignore ce caractère fondamental. Dans le cas d’un enfant, il appartient aux parents d’arbitrer entre les goûts propres de l’enfant et la nécessité d’une alimentation saine.

En outre, les mesures avancées par l’UFC se basent sur une distinction entre produits « équilibrés » d’un côté et produits « trop gras » et « trop sucrés » de l’autre. Une telle distinction est néanmoins sans fondement. En effet, le caractère « trop gras » ou « trop sucré » d’un produit ne peut pas être apprécié de manière objective. Il en est de même pour les aliments jugés « équilibrés ». Seul l’individu peut juger qu’un produit est « trop gras », « trop sucré » ou « équilibré » pour lui. Un produit ne devient d’ailleurs « malsain » que s’il est consommé dans des quantités trop abondantes.

C’est donc une situation individuelle, mais considérée dans son ensemble, qu’il convient d’analyser : part des aliments gras et sucrés dans l’alimentation globale, état de santé général, activité sportive régulière ou non. Une barre chocolatée pourra être mauvaise pour un enfant diabétique, mais excellente pour un jeune sportif qui réalise un effort intense.

Par ailleurs, interdire certains types de publicité serait se méprendre quant à la manière dont celle-ci agit. En effet, si les parents et les consommateurs soutenant l’UFC ne souhaitent pas voir leurs enfants consommer des produits « malsains » vus à la télévision, rien ne leur interdit dans la situation actuelle de ne pas en acheter. Mais une telle loi ignorerait en revanche le rôle informatif de la publicité quant à l’existence d’un produit sur le marché et certaines de ses caractéristiques essentielles : la publicité est aussi un moyen pour communiquer sur un nouveau produit, plus sain que les produits déjà existants. Interdire arbitrairement un certain type de publicité, c’est priver des consommateurs d’une source d’information qui apporte une valeur ajoutée à leurs yeux.

Enfin, en voulant faciliter l’accès au marché publicitaire pour certains produits, l’UFC souhaite favoriser de manière arbitraire certains aliments au détriment d’autres. Ceci revient, in fine à faire usage de la loi pour faire prévaloir le style de vie d’un groupe, tout en portant atteinte à la liberté de choix du consommateur et en ignorant le fait qu’il peut avoir des préférences différentes. Une réglementation et une interdiction de plus ne sont pas la solution aux problèmes d’obésité infantile.

Guillaume Vuillemey, chercheur associé, Institut économique Molinari

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