Dans les médias

L’interdiction de la publicité est un danger pour la santé

Article publié par L’Agefi le 13-14-15 janvier 2006.

Alors qu’on s’accorde généralement sur les bénéfices pour les consommateurs de la liberté de l’information, la publicité pharmaceutique est considérée comme trop dangereuse pour être bien appréhendée par les consommateurs de soins. Pourtant, de récents sondages, tels que celui de Populus/Stockholm Network en 2004, montrent que les patients européens veulent avoir un rôle plus actif dans leur traitement.

Avant de pouvoir être intéressé par un quelconque produit, les consommateurs doivent d’abord être au fait de sa disponibilité. C’est pourquoi les entreprises investissent dans la communication et le marketing. Les firmes pharmaceutiques investissent bien sûr dans la publicité pour vanter leurs produits aux consommateurs, mais cela n’implique aucunement qu’elle n’est pas porteuse d’informations.

Or, de nombreuses objections s’élèvent lorsqu’il est question de médicaments sur ordonnance. «Les médicaments ne sont pas des produits comme les autres», entend-on dire souvent. En fait, les médicaments sont des produits comme les autres en ce sens qu’ils sont produits pour satisfaire un besoin. On avance aussi que «les médicaments sont dangereux». C’est vrai, mais c’est aussi vrai d’une multitude de produits lorsqu’on les manipule sans être informé et conseillé. Les automobiles, par exemple, sont très dangereuses et chères. Ainsi, l’achat d’une nouvelle voiture requiert du consommateur une analyse coût-bénéfice portant entre autres sur ses équipements de sécurité.

Une autre objection consiste à affirmer que «la publicité fait l’impasse sur la sécurité». Pour justifier des réglementations étatiques strictes, les producteurs sont régulièrement accusés de mettre en avant les bienfaits et de minimiser les risques de leurs produits. Pourtant, à l’inverse des agents de l’Etat dont les revenus ne dépendent pas directement des services rendus, les entreprises subissent en réalité des sanctions immédiates, des pertes, lorsqu’elles négligent les intérêts des consommateurs.

Une condamnation de la publicité au nom de l’information aux consommateurs n’aurait pas plus de sens que de citer les déficiences des campagnes électorales comme preuves de manipulation des électeurs. Seul un marché concurrentiel pour l’information sur les soins (incluant les organisations de patients, de consommateurs et les entreprises) peut améliorer les choix des individus.
Là où elle est autorisée, la publicité pour les médicaments sur ordonnance n’est sans doute pas exempte de défauts, mais il convient de revoir les réglementations de manière à améliorer la diffusion de l’information plutôt que de resserrer les restrictions. Le problème fondamental demeure l’accès à l’information, commerciale ou autre, au bénéfice des consommateurs de soins. Dans ce contexte, l’interdiction de la publicité par l’UE est un sérieux obstacle dans la quête d’une information plus abondante et de meilleure qualité sur les médicaments.

Jacob Arfwedson est chercheur associé à l’Institut Economique Molinari (Bruxelles). Alberto Mingardi est le directeur exécutif de l’Istituto Bruno Leoni (Milan).

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