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Retraites: la capitalisation plutôt que les hausses d’impôts

La solution au problème de financement des retraites passe par la capitalisation. Texte d’opinion par Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari, publié dans Le Point.

« Je pense, à titre personnel, qu’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement. Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution mais aussi les moyens dont vous disposez. » Cette phrase d’Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, mêle bon sens et cache-misère.

C’est du bon sens car le mode de financement des retraites est problématique. C’est aussi un pis-aller car certains rêvent de mettre encore les retraités à contribution pour réduire les déficits. Selon les estimations gouvernementales, la suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions au titre de l’impôt sur le revenu pourrait rapporter 5 milliards d’euros en rythme de croisière.

Face aux déficits, la tentation est forte de reprendre avec l’impôt une partie de ce que l’assurance vieillesse distribue. Mais cette approche n’est qu’un expédient de plus bien en dessous des enjeux. Si l’on veut faire en sorte que le financement du vieillissement ne repose pas exclusivement sur les actifs, la seule solution est d’adapter le financement des retraites en généralisant la capitalisation.

Augmenter la pression fiscale sur les retraités en alourdissant leur impôt sur le revenu ou leur CSG ne changera pas la donne. Le pouvoir d’achat des retraités continuera d’être financé par des prélèvements sur les actifs, selon le principe de la répartition avec des actifs cotisant pour leurs ainés.

Pour réduire la contribution des actifs au financement des dépenses sociales, il faut compléter la répartition par la capitalisation. Cette dernière permet de financer une partie des retraites par les gains liés à l’épargne, et notamment les dividendes et les plus-values générées par les placements actions. Dans un monde avec une population active qui stagne, c’est la seule façon de financer les retraites sans remettre en cause le pouvoir d’achat des actifs.

C’est grâce à la capitalisation que les Néerlandais cotisent moins pour la retraite (22 % du salaire brut vs 28 % dans l’Hexagone) et auront des retraites plus généreuses que chez nous (93 % du dernier salaire après impôts vs 72 % en France). Leur surplus de retraite est financé par le rendement de l’épargne, qui représente 147 % PIB aux Pays-Bas et rapporte en moyenne 3 % par an de plus que l’inflation. Si nous étions aussi bien organisés que les Néerlandais, nous aurions 120 milliards de plus par an pour financer les retraites futures et n’aurions pas des finances publiques aussi déséquilibrées.

Aussi, la priorité politique devrait être d’organiser la montée en puissance de la capitalisation collective pour qu’elle profite à tous. Les 4,5 millions de fonctionnaires français cotisent déjà tous à un fonds de pension,  le Régime additionnel de la fonction publique (RAFP). L’urgence est de mettre en place un équivalent pour les actifs du secteur privé, pour limiter l’érosion du pouvoir d’achat lorsqu’ils seront à la retraite. Si ce n’est pas fait, ils seront 17% moins riches que le reste de la population à horizon 2070 selon les prévisions du Conseil d’orientation des retraites.

En parallèle, l’Etat devrait provisionner les retraites de ses fonctionnaires, à l’image de ce que fait la banque de France. Cette mesure permettrait à terme d’économiser 60 milliards par an. Elle est incontournable dans le cadre d’une vraie remise en ordre des comptes publics.

Le vrai courage politique, ce n’est pas d’augmenter une pression fiscale déjà trop lourde, c’est de faire en sorte que le financement des retraites repose plus sur les gains associés à l’épargne et moins sur les prélèvements obligatoires.

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