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La capitalisation résiste aux crises financières

Les données montrent que les crises n’empêchent pas la retraite par capitalisation d’être un système rentable. Son développement doit rester une priorité. Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.

Alors que nous traversons une période tumultueuse liée à la politique américaine et que les marchés financiers tanguent, il est utile de rappeler que les crises financières ont souvent conduit à une appréciation erronée des risques sur l’épargne retraite. Il manque des milliards d’épargne retraite en Europe. La priorité reste dès lors la généralisation de la capitalisation pour tous.

L’idée que les chocs boursiers ruinent l’épargne retraite n’est pas corroborée par les faits depuis l’après-guerre. Les plans d’épargne retraite sont assortis de mécanismes de gestion pilotée qui désensibilisent l’épargne à l’approche de la retraite. Les fonds de pension (ERAFP des fonctionnaires, CAVP des pharmaciens) opèrent sur des horizons longs d’un demi-siècle lorsqu’on tient compte des phases de cotisation puis de retraite.

Sur de tels horizons, seul le rendement à long terme compte. Ajoutons que les crises ne sont pas synonymes de pertes tant qu’il n’y a pas vente de titres, et qu’elles sont souvent effacées en quelques années. Dès 2010, les encours d’épargne retraite étaient revenus à 63 % du PIB dans l’OCDE, leur niveau de 2007.

L’accumulation de déficits va imposer de financer le paiement des prestations de retraite en réduisant les réserves ou en ayant recours à l’endettement.

Ensuite, il ne faut pas se tromper, la violence des cycles impacte la gestion des systèmes en capitalisation, mais aussi celui des régimes en répartition.

Pour les premiers, la baisse des marchés financiers se répercute instantanément sur la valorisation du portefeuille. Le rebond des marchés se traduira par une reconstitution des plus-values latentes.

La répartition aussi est exposée

Dans le cas d’un régime par répartition, toute crise économique et financière se traduit par un effondrement de la masse salariale et donc de l’assiette de cotisations.

L’accumulation de déficits va imposer de financer le paiement des prestations de retraite en réduisant les réserves ou en ayant recours à l’endettement. En France en 2020 – lors de la pandémie de Covid-19 – les régimes par répartition ont subi de plein fouet la crise avec une baisse des cotisations.

Répartition et capitalisation sont complémentaires d’un point de vue économique. Le « tout répartition » conduit à une forte dépendance à une variable exogène, la croissance économique, et à son corollaire, la masse salariale. Le « tout capitalisation » expose à des fluctuations de la valeur des actifs, liées à la volatilité des marchés financiers.

A l’inverse, la répartition permet à une génération de profiter du capital humain de la génération suivante et la capitalisation permet de réduire les inégalités dans le cas où le partage de la valeur devenait défavorable aux salariés tout en offrant un choix plus diversifié du point de vue géographique. Le mix des deux permet d’actionner des leviers différents, assure une meilleure stabilité du système global, et sans doute également sa pérennité.

Diversifier les risques

Les données montrent donc que les crises n’empêchent pas la capitalisation d’être rentable, les chocs boursiers étant amortis et suivis tôt ou tard par des phases de reprise. Elle montre aussi que le tout répartition français – qui devrait s’accompagner d’une baisse de 17 % du pouvoir d’achat relatif des retraités d’ici à 2070 – est une source d’instabilité.

Seule une généralisation de la capitalisation collective permettra d’accroître la résilience du système de retraite en diversifiant les risques tout en nous permettant de combler le manque de capital en Europe dont nous avons justement besoin pour faire face aux chocs géopolitiques actuels et futurs.

 

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