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Le report des consommateurs vers les substituts à la cigarette pourrait être une bonne nouvelle eu égard aux travaux montrant qu’ils représenteraient a minima 15 fois moins de risques que la cigarette traditionnelle

Paris, le 17 janvier 2024 – L’institut économique Molinari publie une étude inédite sur l’évolution des comportements des consommateurs en lien avec le développement de substituts à la cigarette.

Ce travail montre qu’au moins 1,35 million de personnes auraient arrêté de fumer à l’aide de la cigarette électronique et souligne que – selon plusieurs experts – cette évolution pourrait réduire très significativement les risques associés au tabac.

LE TABAC SANS FUMEE : UN BON SUBSTITUT PLEBISCITE PAR LES CONSOMMATEURS

N’est pas substitut qui veut. En effet, un bon substitut en matière de santé publique est un produit moins risqué que les consommateurs choisissent de consommer plutôt que le produit plus risqué. Avec l’apparition des produits sans combustion présentant moins de risques, l’hégémonie de la cigarette traditionnelle semble bouger.

  • La cigarette électronique au Royaume-Uni et en France devient un substitut

Au Royaume-Uni, baisse de la prévalence du tabac fumé de 20,2 à 13,3 % entre 2011 et 2021 en lien avec la promotion active de la cigarette électronique par les autorités pour réduire les méfaits du tabagisme.

En France, forte diminution de la prévalence du tabac fumé entre 2016 et 2019 coïncidant avec une hausse de l’usage des cigarettes électroniques.

Les données montrent que la prévalence totale d’usage de la nicotine est restée relativement stable au cours des deux décennies.

Les fumeurs en France, à l’image de ce qui s’est passé au Royaume-Uni, ont au moins pour partie opéré une substitution de l’usage du tabac fumé par la cigarette électronique. Parmi les ex-fumeurs sondés en 2021, environ 93,6 % de ceux qui vapotent, et 61 % de ceux qui ont arrêté aussi de vapoter, déclarent ainsi « que la cigarette électronique les a aidés à arrêter de fumer ».

En transposant les résultats de ce sondage à la population française entre 18 et 75 ans, au moins 1,35 million de fumeurs auraient arrêté de fumer à l’aide de la cigarette électronique en France métropolitaine.

Deux tiers des personnes ayant arrêté ont remplacé la cigarette par le vapotage (860 000 personnes) et un tiers a abandonné à la fois la cigarette et vapotage (490 000 personnes). Ces volumes sont très significatifs. Le nombre de personnes ayant remplacé la cigarette par le vapotage équivaut à la population municipale de Marseille. Le nombre de personne ayant à la fois décroché de la cigarette et de l’e-cigarette équivaut quasiment à la population municipale de Lyon.

  • Le tabac chauffé au Japon marque le déclin des ventes de cigarette traditionnelle

Le Japon concentre 85 % des ventes mondiales de plusieurs produits de tabac chauffé en 2018. Le déclin accéléré de la vente de cigarettes au Japon depuis 2016 correspond à l’introduction et la croissance des ventes de tabac chauffé (HTP).

  • Le snus en Suède, en passe de devenir le premier pays « sans fumée »

La Suède est le seul pays au sein l’Union européenne à ne pas avoir interdit le snus, un produit historiquement consommé surtout par la gente masculine. Depuis le début des années 1990, le snus a connu une popularité grandissante. Son usage a progressivement détrôné celui du tabac fumé. La Suède est ainsi sur le point de devenir le premier pays « sans fumée » dans l’UE, selon la définition acceptée par de nombreux pays dont la Suède consistant en une prévalence de fumeurs traditionnels au sein de la population de 5 % ou moins (la Suède ayant 6 % de fumeurs quotidiens de cigarettes en 2021).

DES PRODUITS MOINS RISQUES SELON PLUSIEURS TRAVAUX

  • Sans être « zéro risque », les produits sans combustion sont dans l’ensemble considérés comme substantiellement moins risqués que le tabac fumé avec des niveaux de risque représentant de 0,1 à 6 % des risques de la cigarette traditionnelle selon certains travaux.

LES SUBSTITUTS A LA CIGARETTE

Le point commun des nouveaux produits – en dépit des technologies différentes utilisées – est de ne pas brûler de tabac. Cette absence de combustion, et donc de production de goudron, explique le fort potentiel de ces catégories de produits en matière de réduction des risques, comparés à ceux des produits combustibles, tels que la cigarette traditionnelle.

  • la cigarette électronique. Elle consiste à chauffer du liquide contenant de la nicotine.
  • le tabac chauffé. Il s’agit de produits qui produisent des aérosols en chauffant des feuilles de tabac.
  • les produits hybrides. Ils chauffent du liquide (à l’image des cigarettes électroniques) et chauffent aussi, indirectement, du tabac (à l’image des produits de tabac chauffé).
  • les sachets de nicotine synthétique sans tabac, qu’on pourrait qualifier de « snus 2.0 » car ils délivrent la nicotine par voie orale, comme le snus.
  • le snus, un ancien produit oral du tabac généralement consommé en étant placé dans la bouche (derrière la lèvre supérieure).

Deux axes pour favoriser les bons substituts

  1. Maintenir une fiscalité et une réglementation des produits sans fumée distinctes de celle des produits avec combustion
  2. Renforcer l’information sur les connaissances scientifiques actuelles et sur le bon usage des produits alternatifs à la cigarette

CITATIONS

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari (Paris-Bruxelles) :

La meilleure stratégie comportementale est celle qui s’attèle en priorité à investir dans des produits de substitution solides comme semblent, par exemple, l’être les produits sans combustion du tabac. Dans ce domaine, l’approche française a été plus pragmatique que celle de nombreux autres pays européens. Elle mérite sans doute d’être encore davantage affirmée car elle permet d’éviter une approche trop précautionniste à l’égard de comportements individuels qui ne présentent pas de risque de contagion.

L’élargissement du champ d’application des réglementations comportementales est une tendance de fond inquiétante. L’approche précautionniste devrait être réservée aux risques systémiques menaçant la société dans sa globalité. Sinon, il y a danger que le principe de précaution soit rejeté en bloc, y compris quand il peut être crucial d’y recourir, par exemple dans le cadre de pandémies. Abuser du principe de précaution, en l’appliquant à des comportements qui ne présentent pas de risques de contagion pour les autres, c’est créer du risque.

D’autant plus que la multiplication des restrictions et taxations comportementales est loin de produire systématiquement les effets escomptés. On sait que la réglementation et la taxation sont de nature à favoriser l’essor du marché parallèle. De plus, l’interventionnisme peut, dans certains cas, favoriser ou retarder de façon contreproductive les phénomènes de substitution. Une politique visant des changements de comportements doit impérativement s’inquiéter pour réussir de l’existence, ou pas, de bons substituts. Elle doit éviter l’écueil d’être exclusivement pénalisante pour le consommateur.

RESSOURCES

L’étude intitulée « L’innovation au service des consommateurs et de la réduction des risques – Le cas des substituts à la cigarette » est disponible sur notre site : https://www.institutmolinari.org/wp-content/uploads/2024/01/etude-substituts-cigarette-2024.pdf

A PROPOS DE L’INSTITUT

L’Institut économique Molinari est un organisme de recherche et d’éducation dont la mission est de favoriser une meilleure compréhension des phénomènes et défis économiques, en les rendant accessibles au grand public. Ses travaux contribuent à stimuler l’émergence de nouveaux consensus, en proposant une analyse économique des politiques publiques illustrant l’intérêt de réglementations et de fiscalités plus clémentes. L’IEM est une organisation à but non lucratif, financée par les cotisations volontaires de ses membres, individus, fondations ou entreprises. Affirmant son indépendance intellectuelle, il n’accepte aucune subvention publique.

POUR TOUTE INFORMATION OU INTERVIEW, CONTACTER :

Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari (français ou anglais),
cecile@institutmolinari.org, +33 6 78 86 98 58

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