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Comment rendre du pouvoir d’achat durable aux Français

Cécile Philippe propose plusieurs mesures structurelles qui permettraient de rendre durablement 4.300 euros de pouvoir d’achat aux Français. Chronique par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, publiée dans Les Échos.

Alors que le gouvernement multiplie les chèques pour contrer les tensions inflationnistes, il serait dommage de se limiter à ces mesures sans envisager des réformes en profondeur susceptibles de redonner du pouvoir d’achat aux Français. En ce début d’année, nous formulons le voeu que notre gouvernement s’inspire de quelques idées créatrices de valeur pour tous les ménages dans les domaines du logement, des retraites et de la fiscalité de production et des produits – des idées chiffrées ci-après.

Indemnité carburant de 100 euros, bouclier tarifaire sur l’énergie, chèque bois, aides pour le covoiturage, les dispositifs de soutien au pouvoir d’achat des ménages se multiplient en même temps que les facilités de paiement et l’étalement du paiement des cotisations ciblent des professions comme celle des boulangers accablés par la hausse des prix de l’énergie. Dos au mur de la dynamique conjoncturelle, notre gouvernement n’a que cette corde à son arc à dégainer faute de s’être attelé de manière durable aux réformes dont la France a besoin dans des domaines clés.

1. Un droit des sols plus souple

Coté logement, sa part dans le budget des ménages est passé de 11 % en 1959 à près de 28 % en 2021. Si l’augmentation du coût du logement est un phénomène global, elle pèse plus largement sur les ménages hexagonaux . Se loger coûte 2,6 % du revenu en plus en France par rapport à la moyenne de l’Union européenne, soit un surcoût annuel de 1.100 euros par ménage. Un droit des sols plus souple, tel que le connaissent nos voisins allemands, réduirait les inégalités matérielles et patrimoniales entre ménages. Il permettrait aussi aux locataires d’accéder à des logements moins chers. En période d’inflation, c’est un levier pour redonner du pouvoir d’achat.

2. Aligner les impôts sur la consommation

Les impôts sur la consommation sont plus élevés en France (12,3 % du PIB en 2021) que dans l’UE (11,3 %). Le surcoût moyen est de 600 euros par an pour un ménage. Il est lié aux taxes sur les produits autres que la TVA. Elles renchérissent notamment l’énergie, l’immobilier, les assurances, les tabacs. Elles représentent 4,9 % du PIB en France, contre 3,9 % dans l’UE.

Il faudrait stopper la mise en place de nouvelles taxes sur les produits (hors TVA) et les augmentations de taux. L’accroissement des recettes des administrations devrait se faire par élargissement des assiettes de taxes préexistantes, pour éviter le mitage fiscal et la multiplication de taxes particulières.

3. En finir avec la surfiscalité de production

La surfiscalité de production pénalise un salarié moyen de 900 euros par an, si l’on compare la France à l’UE . Vis-à-vis de l’Allemagne, la perte est même de 1.700 euros. Il faut poursuivre la baisse des impôts de production, par ailleurs délétère pour la production.

4. Instaurer un système de retraite mixte

Enfin, un système de retraite mixte – avec deux tiers de répartition et un tiers de capitalisation – permettrait de distribuer les mêmes retraites en réduisant les cotisations de 28 à 22 % des salaires bruts. La situation actuelle représente une taxe implicite de l’ordre de 6 % des salaires bruts, soit un coût annuel de 1.700 euros nets d’impôts pour un salarié moyen. Pour y arriver, la solution la plus judicieuse serait de créer une Retraite additionnelle des salariés, sur le modèle de la capitalisation collective qui existe dans le public (RAFP).

Au total, ce sont 4.300 euros qui pourraient être rendus à chaque ménage français. Les efforts pour dégager ces marges de manoeuvre financières sont considérables mais le jeu en vaut la chandelle.

Cécile Philippe

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