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9 questions pour Cécile Philippe : Optimiste ou pessimiste face à l’avenir (9)

Neuvième question tirée d’une grande interview réalisée par Grégoire Canlorbe avec Cécile Philippe, directrice générale de l’IEM, pour le compte de l’Institut Coppet.

Neuvième question tirée d’une grande interview réalisée par Grégoire Canlorbe avec Cécile Philippe, directrice générale de l’IEM, pour le compte de l’Institut Coppet. En plus d’avoir été publiée sur le site de l’Institut Coppet, cette interview a été publiée sur le site de 24hGold et dans le numéro 16 de la revue Laissons Faire.


Grégoire Canlorbe: Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant au succès des idées libérales dans le monde de demain? Que conviendrait-il de faire, selon vous, tant au plan des réformes politiques que de la démarche du «simple citoyen», pour influer positivement sur l’avenir de la liberté à long terme?

Cécile Philippe: Je pense être une optimiste réaliste et surtout je suis consciente de ne pas forcément cerner tous les mécanismes à l’œuvre dans notre Grande société. Nous vivons dans des économies complexes qu’il n’est pas simple d’analyser et il faut se méfier des diagnostics trop hâtifs.

Nous vivons une période extrêmement intéressante car on sent qu’un certain nombre de choses – qui semblaient totalement acquises – sont remises en question. J’ai créé l’Institut Molinari, il y a maintenant plus de 10 ans. Des sujets comme le monopole de l’assurance maladie ou le principe de précaution sont bien davantage discutés aujourd’hui qu’ils ne pouvaient l’être, il y a quelques années. On voit dans des avancées certaines sur des sujets importants. Cela me rend confiante dans l’avenir. Maintenant, il est certain que les choses ne vont pas être faciles car les débordements monétaires ont continué et il est fort à craindre que nous traversions prochainement un nouvel épisode financier douloureux dont il est très difficile de prévoir l’issue.

Je continue donc de croire que la diffusion des idées, la discussion, le débat sont à même d’influer sur la liberté à long terme.

Si on veut parler de réforme plus spécifique – en particulier dans le cas de la France – je suis persuadée que le jour où nous aurons le courage de flexibiliser le marché du travail, nous redonnerons le sourire aux Français et la confiance qui leur manque tant et les amène à se tourner vers les extrêmes. Le taux de chômage en France n’est plus passé sous la barre des 4,5% de la population active depuis 1978. Il atteint aujourd’hui plus de 10%.

La peur du chômage reste une tendance lourde de la société française avec son lot de conséquences sociales et psychologiques. Cela en alimente une autre peur très bien décrite par Eric Maurin (La Peur du déclassement, Éditions du Seuil, «La République des Idées», octobre 2009, p. 5.): celle du déclassement. «Cette angoisse sourde, qui taraude un nombre croissant de Français, repose sur la conviction que personne n’est à l’abri, qu’une épée de Damoclès pèse sur les salariés et leurs familles, que tout un chacun risque à tout moment de perdre son emploi, son salaire, ses prérogatives, en un mot son statut.»

Cette peur façonne les idées des individus et oriente nombre de comportements et mouvements sociaux qui d’une certaine façon paralysent notre société en exacerbant des inégalités profondes. En rendant le marché du travail plus ouvert, je crois qu’on ferait plus pour la liberté qu’avec n’importe quelle autre réforme. À vrai dire, elle rendrait sans doute possible toutes les autres.

Cécile Philippe est directrice générale de l’Institut économique Molinari.


L’interview en parties

Votre parcours intellectuel, universitaire et professionnel (1)

Le marché du travail français (2)

La mondialisation des échanges marchands (3)

La crise financière (4)

La théorie dite autrichienne du cycle des affaires (5)

La notion de développement durable (6)

Le modèle social français (7)

Le principe de précaution (8)

Optimiste ou pessimiste face à l’avenir (9)

Cécile Philippe

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