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Radio : Décentraliser la refondation de l’école

Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, diffusée sur les ondes de Radio classique le 22 octobre 2013.

Chaque matin, dans «Des Idées Neuves», des professeurs, des directeurs de think tanks, des journalistes agitent, interrogent et bousculent notre système. Leurs projets de réformes inédites et iconoclastes pourraient inciter nos entreprises et nos institutions à imaginer un nouveau modèle économique.

Retrouvez Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, sur les ondes de Radio classique.

Écoutez le podcast…


Décentraliser pour refonder l’école car elle souffre avant tout d’un manque de diversité et de choix dans les programmes. N’est-ce-pas le but du Conseil supérieur des programmes tout juste mis en place par Vincent Peillon ?

Effectivement, la mission de ce nouveau conseil est bel et bien de redéfinir les programmes de l’école élémentaire et du collège. C’est supposé être le cœur du réacteur de la refondation d’une école en déshérence. Cependant ce projet est une nouvelle pierre à l’édifice de la centralisation et ne pourra pas résoudre l’uniformisation des programmes et des méthodes.

Et cela pose problème ?

Oui, car au-delà des réformes à répétition, souvent mal comprises, on reproche au système éducatif de ne plus transmettre correctement les savoirs, en particulier la lecture, l’écriture et le calcul.

Les tous derniers résultats de l’enquête PIAAC 2012 réalisée par l’OCDE sont d’ailleurs très décevants. Les adultes Français sont classés en 22ème position sur 24 pour ce qui est de l’écrit et en 21ème position pour le calcul.
Une grande partie des problèmes sont liés au fonctionnement de nos écoles. La désormais célèbre enquête PISA (dont les nouveaux résultats peu prometteurs pour la France seront publiés en décembre prochain) fait état depuis des années d’une dégradation de l’efficacité du système scolaire dans toute une série de savoirs clef.

D’où l’inquiétude grandissante des parents ?

Effectivement, les parents s’inquiètent du niveau de leurs enfants et ne restent pas passifs. Au contraire, ils sont devenus des acteurs majeurs dans l’apprentissage des savoirs.

Un phénomène intéressant est apparu au cours des dernières années. Pas totalement satisfaits des méthodes ou des programmes proposés, de plus en plus de parents prennent les choses en main avec de bonnes vieilles méthodes d’antan. Ils apprennent eux même à lire à leurs enfants de CP ou CE1, avec des méthodes syllabiques d’apprentissage de la lecture. La plus fameuse d’entre elle, la méthode Boscher date de 1906. Elle reste le best-seller des best-sellers avec des milliers d’exemplaires vendus chaque année. L’explosion du parascolaire en général fait partie de cette tendance.

Le constat est donc assez clair et vous pensez qu’un énième conseil ne fera pas l’affaire, n’est-ce pas ?

Absolument car l’un des problèmes majeurs de l’école en France vient justement de ce qu’elle est sous tutelle, avec un modèle pyramidal réduisant notamment la liberté d’action et de réflexion des enseignants.

Les enseignants au contact des élèves n’ont qu’une très faible marge de manœuvre. Ils appliquent les programmes et consignes édictées par des experts censés savoir ce qu’il faut faire. Ils sont contrôlés par les inspecteurs académiques, qui veillent au grain. Gare à celui qui voudrait se démarquer.
L’école fonctionne en quelque sorte comme le système tayloriste : il y a ceux qui pensent, ceux qui appliquent et ceux qui contrôlent. D’où sa difficulté à se réformer et l’impression de paupérisation de la profession mise en avant par les enseignants. Le Conseil de Monsieur Peillon accentue encore cette tendance.

Comment faire alors ?

Faire machine arrière en évitant à tout prix ces conseils supérieurs et en privilégiant des conseils plus proches des directeurs des établissements, des enseignants qui ont une connaissance du terrain sans autre équivalent et des parents via des représentants.

Il faut aller vers la décentralisation des choix de programmes, de méthodes, et de formation.

Cécile Philippe

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