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Radio : Le portage salarial, arme anti-chômage

Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, diffusée sur les ondes de Radio classique le 29 octobre 2013.

Chaque matin, dans «Des Idées Neuves», des professeurs, des directeurs de think tanks, des journalistes agitent, interrogent et bousculent notre système. Leurs projets de réformes inédites et iconoclastes pourraient inciter nos entreprises et nos institutions à imaginer un nouveau modèle économique.

Retrouvez Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, sur les ondes de Radio classique.

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Redonner du champ au portage salarial pour inverser la courbe du chômage. On l’aurait donc rétrécie ?

En effet, alors que les chiffres du chômage pour septembre sont mauvais et que le ministre du travail continue à affirmer qu’il sera possible d’inverser la courbe du chômage, le même Michel Sapin a signé en juin dernier un arrêté délimitant clairement le champ d’action du portage salarial.

Il est désormais réservé aux cadres gagnant plus de 2 900 € brut par mois et salariés en CDI par une entreprise de portage salarial.

Si son objectif est vraiment de diminuer le chômage, c’est exactement l’inverse qu’il aurait dû faire, à savoir élargir le champ du portage salarial.

Quel est l’intérêt de ce portage ?

C’est la mesure de flexisécurité par excellence. Vous savez combien le modèle danois a été vanté pour son marché du travail à la fois flexible et sécurisé qui assure un taux de chômage faible, y compris en cette période de crise. Le portage salarial, c’est une mesure de flexisécurité à la française pour laquelle d’ailleurs un chef d’entreprise Français – Guillaume Cairou – a obtenu en 2011 le Prix de l’entrepreneur de l’année pour sa société de portage fondée en 2004.

Et plus précisément, comment ça marche ?

Vous avez trois acteurs : le salarié porté qui veut se lancer dans une activité, les clients et la société porteuse.

Les clients sont en général des entreprises qui ne peuvent pas s’adjoindre les services d’un salarié à temps plein en CDI.

Les salariés portés peuvent avoir diverses motivations dont les principales sont qu’ils conservent tous les avantages sociaux liés au salariat tout en ayant la possibilité de développer une activité de conseil, ne pas travailler seul ou encore sortir du chômage.

La société porteuse sert d’intermédiaire et se rémunère au pourcentage du chiffre d’affaires réalisé par les différents portés.

Et c’est efficace ?

Si on regarde les chiffres, on se dit effectivement que ces sociétés de portage ont un rôle important à jouer, notamment pour surmonter les rigidités du marché du travail. Le phénomène est apparu dans les années 1980 et a connu un réel essor dans les années 2000. Tendance plus intéressante encore, il y a encore 5 ans, ce mode d’organisation n’était connu que des cadres seniors. Aujourd’hui, il attire de plus en plus les jeunes diplômés dont on sait qu’ils ne sont pas épargnés par le chômage. D’où l’idée désastreuse de vouloir réserver ce mode d’organisation aux cadres gagnant plus de 2900 euros.

Oui, mais cela ne favorise-t-il pas des relations au travail plus précaires que le salariat traditionnel ?

C’est la principale critique faite au portage salarial, mais mieux vaut–il être porté que chômeur ? C’est vrai que le rêve du Français, c’est de décrocher un CDI, du fait de tous les avantages qui lui sont associés mais aussi du statut qu’il confère. Sauf que la surprotection a son coût : la peur du déclassement, à savoir la perte du CDI et la très grande difficulté à en retrouver un dans un pays où la durée au chômage est très longue. Du coup, le portage apparaît comme un moyen parmi d’autres d’associer un bon niveau de sécurité et une souplesse suffisante.

Cécile Philippe

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