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La rémunération des dirigeants et le partage de la valeur sont des sujets déconnectés

Texte d’opinion par Cécile Philippe, présidente de l’Institut économique Molinari, rédigé pour Le magazine des rencontres du capitalisme responsable.

Si l’approbation des actionnaires concernant la rémunération des dirigeants (say on pay) relève d’une démarche qui aligne les objectifs des différentes parties, le calcul des ratios d’équité tel qu’il a été conçu dans la loi Pacte ne résout pas tous les malentendus.

En effet, les rémunérations des dirigeants sont significatives lorsqu’on se focalise sur les montants unitaires. Elles ne représentent cependant qu’une toute petite fraction des dépenses de personnel. Dans le cas des entreprises du CAC 40, elles ne représentaient que 0,07 % ou 1/1335ème des dépenses de personnel en 2019.

Les rémunérations des dirigeants sont globalement connectées aux performances des entreprises. Les économistes Xavier Gabaix, Augustin Landier, et Julien Sauvagnat ont ainsi montré que lors des crises la rémunération des dirigeants diminuait globalement dans les mêmes proportions que la valeur de l’entreprise.

Une manière d’apprécier le lien entre la performance d’une entreprise et la qualité de son leadership est d’observer – comme le suggère l’économiste Tyler Cowen dans Big Business – l’évolution de la valeur d’une entreprise lors de la mort subite de son dirigeant. Dans une étude réalisée en Norvège, on a pu observer une baisse des ventes de 60 % et une baisse de l’emploi de 17 % dans les entreprises frappées par le décès de leur fondateur en comparaison à un groupe-contrôle. Deux ans après le décès du fondateur, le taux de survie de ces entreprises était 20 % moindre. Une étude danoise montre que la valeur d’une entreprise diminue de 1,2 % lorsque son dirigeant est hospitalisé plus de 5 jours.

On ne peut pas, non plus, analyser la rémunération des dirigeants sans intégrer la difficulté qu’il y a à trouver chez une même personne les talents nécessaires à un leadership qui exige des compétences toujours plus nombreuses : finance, relation publiques, affaires réglementaires, nouvelles technologies, monde globalisé.

Cécile Philippe

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