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Les résultats du classement PISA confirment la nécessité de libérer le système éducatif français

Texte d’opinion par Alexandre Massaux, chercheur associé à l’IEM, publié en exclusivité sur le site de l’Institut économique Molinari.

La France occupe la 12ème position sur les 28 pays de l’UE dans le classement PISA 2018 réalisé par l’OCDE. Une place moyenne compte tenu des dépenses engagées s’élevant à 155 milliards d’euros par an. L’enquête PISA repose sur l’évaluation d’élèves de 15 ans dans les pays participant au programme. De ce fait, le résultat met ainsi en avant des lacunes au niveau du primaire et du secondaire du côté de la France.

L’enquête PISA 2018 révèle que les résultats de la France stagnent(1). En matière de performance pour la compréhension de l’écrit et pour les sciences, les scores restent stables depuis les années 2000 et en matière de mathématiques, le pays arrive à endiguer la baisse de son résultat. Plus problématique est le fait qu’en matière de compréhension de l’écrit, la France voit sa performance baisser de 6,7 par rapport au résultat du PISA 2015, se situant ainsi en dessous de la moyenne de l’OCDE(2). Si ce sont principalement les pays d’Europe centrale qui ont vu leurs résultats augmenter ces quatre dernières années, force est de constater que des pays déjà performants comme la Suède et le Royaume-Uni, respectivement 5ème et 6ème dans le classement PISA 2018, ont vu aussi leurs scores s’améliorer par rapport aux précédentes enquêtes.

Un investissement qui peut être mieux utilisé

Si la stagnation est commune à un grand nombre de membres de l’OCDE, des pays comme l’Estonie et la Pologne se démarquent par une amélioration de leurs performances à l’écrit et en mathématique. Occupant respectivement la 1ère et la 4ème place européenne, ces deux pays montrent l’exemple en matière de modèle d’éducation.

Si la Pologne et l’Estonie dépensent plus de 15% du PIB par habitant par élève pour l’éducation primaire et secondaire(3), les résultats sont au rendez-vous. Leur pourcentage d’élèves en difficulté dans les domaines étudiés par le PISA reste bien en deçà de la moyenne de l’OCDE (13,4%)(4) avec 6,7% pour la Pologne et 4,2% pour l’Estonie. En comparaison, la France, qui dépense 14,4 % du PIB par habitant par élève pour l’éducation primaire et secondaire, voit 12,6% de ses élèves mis en difficulté par les épreuves PISA. Ainsi pour un degré d’investissement similaire par élève, la France obtient des résultats inférieurs aux pays comme la Pologne et l’Estonie.

En outre, la question des moyens financiers disponibles n’est pas toujours une cause de performance. Avec 31 000 et 34 000 dollars par élève, la Pologne et l’Estonie dépensent en absolu moins que la moyenne de l’OCDE (45 000 dollars où se situe la France) et arrivent à se démarquer en matière de résultats en compréhension de l’écrit(5).

Une confirmation de la nécessité d’une plus grande autonomie des établissements et des enseignants

Comme le révèle l’étude sur l’éducation de l’Institut économique Molinari(6), l’autonomie des établissements est une des clés de la performance de l’éducation. Les résultats de pays comme l’Estonie et la Pologne au dernier PISA confirment ce point. Sur une échelle d’autonomie de 0 à 5, définie par l’OCDE, la France obtient une note moyenne de 2, là où l’Estonie possède la note la plus élevée avec 4,1 et la Pologne 3,1(7). En l’espèce, le cas de l’Estonie avec la décentralisation du système scolaire, est significatif  : les écoles du premier cycle de l’enseignement secondaire prennent 76,3% des décisions les concernant(8). A l’inverse, les établissements français n’en prennent qu’un tiers(9). Une plus grande décentralisation permettrait ainsi à la France d’utiliser son plein potentiel.

Références

  1. OCDE, Résultats du PISA 2018 (Volume I), 2019, p.133/134.
  2. Ibid, p.122.
  3. Pierre Bentata, Éducation, la France peut mieux faire – Évaluation de l’efficacité du système d’éducation et de formation en France, Institut économique Molinari, 2019, p. 19-20.
  4. OCDE, Résultats du PISA 2018 (Volume I), 2019, p.17.
  5. Ibid, p. 66.
  6. Pierre Bentata, Éducation, la France peut mieux faire – Évaluation de l’efficacité du système d’éducation et de formation en France, Institut économique Molinari, 2019.
  7. OECD, Supporting Teacher Profesionalism : Insights from Talis 2013, 2016, p. 54.
  8. OECD, Education Policy Outlook: Estonia, 2016
  9. OECD, Education Policy Outlook: France, 2014

Alexandre Massaux

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