Notes et baromètres

Le jour où les États de l’Union européenne ont dépensé toutes leurs recettes annuelles – 2ème édition

Étude de l’IEM

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SYNTHÈSE DE L’ÉTUDE

Les administrations centrales, principale source des déficits publics dans l’UE

Les États centraux de l’UE épuisent en moyenne leur ressources le 30 novembre, 31 jours avant la fin de l’année. C’est 6 jours plus tard que l’année d’avant, ce qui représente une amélioration significative.

Parmi les 28 administrations centrales de l’UE, 2 étaient en situation excédentaire l’an passé. Il s’agit de l’Allemagne, avec un excédent équivalent à 10 jours de dépenses, et de la Suède, avec un excédent de 3 jours de dépenses. Leurs recettes de l’année leur ont permis de financer toutes les dépenses de l’année et de se désendetter.

Les 26 autres administrations centrales dépensaient la totalité de leurs recettes avant la fin de l’année.

Au niveau de l’UE, les administrations centrales expliquent l’essentiel des dérapages des comptes publics. Les administrations de sécurité sociale sont moins déséquilibrées que les États centraux et les administrations locales sont désormais équilibrées. Toutes administrations confondues, les différents pays de l’UE avaient consommé la totalité de leurs recettes publiques 18 jours avant la fin de l’année. C’est 5 jours plus tard que l’année d’avant.

La situation de l’administration centrale française est très dégradée

L’administration centrale française a dépensé l’intégralité de ses ressources le 9 novembre, 53 jours avant la fin de l’année. La situation ne s’améliore pas d’une année sur l’autre.

L’écart se creuse entre la France et l’UE. Il est maintenant de 22 jours contre 16 jours l’année d’avant. L’administration centrale française, avec 53 jours de dépenses non financées est parmi les 3 pays présentant les plus grands déséquilibres au sein l’UE avec la Grèce (64 jours) et le Portugal (54 jours).

Depuis 1980, tous les exercices ont été déséquilibrés. Au-delà des chocs liés aux à-coups conjoncturels, la situation s’est détériorée. En moyenne, « le jour où toutes les ressources sont consommées » a avancé de 1,5 jour par an depuis 1980.

Par rapport au reste de l’UE, la situation française se dégrade. L’État et ses ODAC sont systématiquement dans la dernière partie du classement. Ils sont 21èmes en moyenne à 20 ans et 26èmes sur 28 pays l’an passé.

Même sur la période récente, marquée par une hausse significative des prélèvements obligatoires, la situation ne s’améliore pas par rapport aux autres pays de l’UE. En 2015, l’écart entre la France et la moyenne de l’UE a continué de s’élargir. L’administration centrale française avait consommé toutes ses ressources 53 jours avant la fin de l’année. C’est 22 jours plus tôt que le reste de l’Union européenne. Cela constitue l’écart le plus important depuis 15 ans.


OBJECTIF DE L’ÉTUDE

L’objectif de cette étude est de comparer les recettes et les dépenses des administrations centrales des 28 pays membres de l’Union européenne (UE) pour déterminer le jour à partir duquel elles ont épuisé toutes leurs recettes annuelles et commencent à vivre à crédit.

Ce travail est fait au niveau des 28 pays de l’UE, à partir des dernières données annuelles d’Eurostat. Il permet de mesurer l’évolution des déséquilibres dans le temps et de comparer la situation des différents pays.

Cette approche vise à éclairer les enjeux pour les citoyens, dans un domaine particulièrement difficile à suivre pour un non spécialiste.

Les déficits sont fréquemment exprimés en pourcentage du PIB, notion complexe à appréhender. Les débats liés aux procédures budgétaires étatiques portent sur des milliards d’euros, tandis que le grand public est habitué à raisonner en centaines ou milliers d’euros. Les chiffrages des économies mis en avant par les pouvoirs publics sont souvent réalisés par rapport à des hypothèses de croissance tendancielle, et non par rapport aux dépenses réellement enregistrées. Cela brouille la compréhension des choses, les « économies » ne se traduisant pas mécaniquement par une réduction des dépenses.

Ajoutons que le débat sur ces sujets complexes se résume fréquemment à des prises de position déconnectées des enjeux réels. Ce fut notamment le cas en France dans les dernières années, avec la multiplication des discours fustigeant une « austérité budgétaire » n’ayant pas d’assise factuelle dans un pays où les dépenses publiques ne diminuent pas.

D’où l’intérêt d’une démarche permettant au grand public de visualiser clairement et simplement l’ampleur des enjeux et de suivre leur évolution dans le temps.


SPÉCIFICITÉ DE LA DÉMARCHE

Cette étude permet une meilleure compréhension des dérapages des administrations centrales, que l’on qualifie dans le langage courant d’États, grâce à une méthode solide et accessible. Les recettes sont divisées par les dépenses et multipliées par 365, ce qui permet d’exprimer les dérapages financiers en jours sur une année. Cette méthode s’apparente aux usages financiers, les analystes ayant par exemple l’habitude de présenter le Besoin de fonds de roulement (BFR) en jours de chiffre d’affaires. Elle présente aussi l’avantage d’être significative pour tout individu s’étant demandé comment « boucler ses fins de mois ».

Ce travail est axé autour des administrations centrales, c’est-à-dire sur les organismes administratifs de l’État et les autres organismes centraux dont la compétence s’étend normalement sur la totalité du territoire. Au niveau de l’UE, il s’agit des administrations présentant les comptes les plus déséquilibrés. Néanmoins, les chiffrages portent aussi sur les administrations d’États fédérés, sur les collectivités locales et les administrations de sécurité sociale. Cela permet d’apporter un éclairage complémentaire, tous les pays n’étant fort heureusement pas déficitaires au niveau de chacune de ces administrations.

Les calculs sont faits à partir de données publiées par Eurostat (gov_10a_main) au titre de 2015.


CALENDRIER DES JOURS OÙ LES ADMINISTRATIONS CENTRALES ONT DÉPENSÉ TOUTES LEURS RECETTES

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CARTE INTERACTIVE

Cécile Philippe

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