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Cécile Philippe (Institut économique Molinari) : « Il faut remettre l’État à sa place »

Interview publiée le 27 janvier 2015 dans le Magazine Décideurs.

Auteur de Trop tard pour la France? Osons remettre l’État à sa place (2014), la directrice générale de l’Institut économique Molinari remet en cause l’efficacité de la politique économique française.

Quels sont pour vous les échecs récents de l’interventionnisme public les plus marquants ? Pourquoi ?

Le marché du travail, avec un chômage qui génère son lot de conséquences sociales et psychologiques. Le taux de chômage n’est plus passé sous la barre des 4,5 % de la population active depuis 1978. Il atteint aujourd’hui plus de 10 %. Loin d’être une brève parenthèse, il est devenu un état durable révélateur de dysfonctionnements sur le marché du travail.
Le premier constat à faire est qu’on ne laisse pas fonctionner ce dernier comme un marché. Les offres et les demandes ne se rencontrent pas librement, ce qui empêche l’émergence de contrats répondant aux attentes des employeurs comme des demandeurs d’emploi. La liste des atteintes portées par l’actuel droit du travail à la liberté contractuelle et à la liberté d’association est extrêmement longue.

Contrairement à leurs bonnes intentions, les réglementations et les charges qui pèsent sur le marché du travail ne protègent pas l’employé mais engendrent toutes sortes d’effets pervers en maintenant hors du marché du travail un nombre bien trop important d’individus.

Le second échec le plus patent est sans doute monétaire. Nous allons de cycles en cycles, en attendant l’explosion des prochaines bulles, ce qui ne saurait tarder. En visant à restaurer à tout prix la liquidité sur les marchés et à éviter la déflation, les pouvoir publics risquent de nous condamner à une récession sans date d’expiration, accompagnée de tendances plus ou moins fortes d’inflation à terme.

L’État pourrait-il réaliser des économies en se désengageant ?

En France, où l’interventionnisme est particulièrement prégnant, les économies envisageables sont immenses. La gestion publique de la plupart de nos risques est publique.

À elle seule, la protection sociale représente 30 % du PIB. Envisager une réforme profonde de son financement permettrait donc de réaliser des économies considérables tout en redonnant aux individus les moyens de se protéger plus efficacement.

Mais il faut bien se garder – dans ce débat sur les économies à réaliser – d’adopter une vision comptable des choses. La baisse des dépenses peut passer par des coupes budgétaires qui ne sont rien d’autres que des rabotages. Elles risquent alors d’être perçues comme arbitraires et donc illégitimes. A contrario, la baisse des dépenses peut être l’instrument d’une vision plus globale, concernant ce que l’État doit continuer à faire et ce qu’il doit, à l’inverse, rétrocéder à l’initiative privée, qu’il s’agit par la même occasion de réhabiliter. Cela consiste à remettre l’État à sa place.

L’économie française serait-elle différente en 2025 si des réformes libérales étaient mises en place aujourd’hui ?

Le visage de la France serait métamorphosé ! Il est probable que les Français retrouveraient le sourire. La société souffre avant tout de son État qui, à force de croître à tort et à travers, à force d’intervenir pour un oui ou pour un non, empêche les autres institutions concurrentes de jouer leur rôle et les individus d’exprimer leurs choix. L’État s’occupe de la santé, des retraites, de la gestion des risques, du système de chômage, de l’éducation, des infrastructures routières, des services postaux, des voies ferroviaires… Il n’y a presque plus aucun domaine de la vie qui soit laissée à l’initiative individuelle et à la responsabilité. Où que nous allions, quoi que nous fassions, nous découvrons une loi, un décret, une réglementation qui nous interdit de mener nos vies comme nous l’entendons. Il faut oser l’anticonformisme et la reconquête de nos libertés.

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Cécile Philippe

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