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Radio : Rétablir la loi le Chapelier

Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, diffusée sur les ondes de Radio classique le 15 octobre 2013.

Chaque matin, dans «Des Idées Neuves», des professeurs, des directeurs de think tanks, des journalistes agitent, interrogent et bousculent notre système. Leurs projets de réformes inédites et iconoclastes pourraient inciter nos entreprises et nos institutions à imaginer un nouveau modèle économique.

Retrouvez Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari, sur les ondes de Radio classique.

Écoutez le podcast…


Rétablir la loi le Chapelier !

Oui : le but en fait c’est de décloisonner le marché du travail en France et d’en finir avec l’inefficacité des professions réglementées : ça concerne les taxis, coiffeurs, les notaires ou encore les pharmaciens.

La loi Le Chapelier ? Rafraîchissez-nous la mémoire…

Le Chapelier était un avocat au parlement de Bretagne au 18ème siècle. Il est connu pour une loi révolutionnaire datant de 1791. Le principe était simple. Il s’agissait d’établir la liberté d’exercer une activité professionnelle. Son texte prévoit qu’« Il sera libre à toute personne de faire tel négoce ou d’exercer telle profession, art ou métier qu’elle trouve bon ». C’est la fin des corporations et professions réglementée.

Quel est le problème des professions réglementées ?

Elles entrainent un cloisonnement du marché du travail. Elles imposent des réglementations qui dressent des barrières à l’entrée insurmontables pour qui n’a pas le bon diplôme, le bon numéro (quand il existe un numerus clausus), etc.

Exemple ?

Prenons celui qui fait l’actualité en ce moment, à savoir celui des taxis sur lequel nombre de politiques ont achoppé. Le marché des taxis se caractérise principalement par un numerus clausus qui a organisé en quelque sorte l’inefficacité de la profession et suscite nombre de mécontentements de la part des consommateurs. En effet, ce numerus clausus empêche la profession d’évoluer alors que la demande existe et a conduit à un ticket d’entrée pour devenir taxi particulièrement onéreux, en moyenne 130 000 euros pour avoir une plaque et le droit d’exercer ce métier en indépendant.

Mais ça n’empêche pas la concurrence de se développer ! On parle beaucoup depuis quelques semaines des VTC… Les véhicules de tourisme avec chauffeur… Qu’il suffit de commander via son smartphone…

Effectivement, sauf que le lobby des taxis s’est mobilisé et a fait pression sur le gouvernement pour qu’il protège leur profession. Ça a marché puisqu’ils sont parvenus à imposer aux VTC un délai de 15 minutes entre la commande et le début de la course… Autrement dit si votre chauffeur arrive au bout de 7 min, vous devrez encore patienter 8 min avant de pouvoir démarrer. Autant dire que cela ferait perdre du temps à tous et réduirait l’intérêt de la concurrence. C’est un peu comme si l’on demandait aux fournisseurs d’accès internet de ralentir le débit pour éviter de concurrencer la poste, dont les délais d’acheminement du courrier sont nécessairement plus longs.

Dynamiter les corporations redynamiserait le marché de l’emploi ?

C’est l’une des mesures susceptibles de faire profiter des marchés entiers protégées de la concurrence, de l’innovation, des gains de productivité et donc in fine d’une meilleure allocation des ressources humaines, notamment quand on sait que certaines professions seraient particulièrement accessibles à des individus peut être pas très qualifiés mais dynamiques, fiables et motivés. Pour revenir aux taxis, l’économiste Pierre Cahuc rappelle les effets positifs de la déréglementation de cette profession en Irlande Entre novembre 2000 et mars 2003, le nombre de taxis en Irlande a augmenté de 150%. A Dublin, le nombre de taxis par habitant avait plus que doublé en quelques années passant de 1 taxi pour 186 habitants à 1 taxi pour 72 habitants.

Conclusion : il n’y a plus qu’à espérer que nous n’aurons pas besoin d’une révolution pour mettre en place une loi qui l’était effectivement.

Cécile Philippe

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