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La libération fiscale : le nouveau concept des anti-fiscalistes

Article d’Emmanuel Lévy publié dans Marianne le 30 juillet 2011.

Selon les calculs de l’Institut Molinari, les salariés français commencent à travailler pour eux le 26 juillet. Le think-tank libéral a marqué des points en plaçant la France sur la troisième marche du podium des «mauvais élèves». Sa présentation anti fiscaliste a été reprises par de nombreux média. Elle fait cependant une présentation partielle et partiale de la situation.

«À partir d’aujourd’hui, 27 juillet, le fruit de votre labeur sera pour vous et pas pour l’État.» Le lancement du sujet consacré à une étude publiée par Molinari, le think-tank « indépendant et clairement libéral », a de quoi faire sursauter à l’écoute du journal de 8h de France Inter. Message – très peu – subliminal à destination de l’auditeur : « on se fait bouloter par les impôts.»

Les animateurs de cet institut ne pouvaient rêver meilleure présentation pour leur étude qui ne cache rien de son ambition «Fardeau fiscal de l’employé lambda au sein de l’Union européenne.» Cécile Philippe, l’animatrice de Molinari, ne cache pas l’objectif de la note : « Au lieu de baisser le dépenses de l’État, on nous propose encore une fois d’augmenter les recettes, donc les impôts.»

Entre les charges patronales et salariales, l’impôt sur le revenu et la TVA, le salariés moyen Français est ponctionné de 56 % de son salaire, selon, les chiffres gracieusement rassemblés par le cabinet d’audit Ernst and Young. Et 56 % de l’année, cela tombe sur le 27 juillet, CQFD. À ce petit jeu, seuls les salariés hongrois et belges sont libérés plus tard dans l’année. Sauf que, nous ne sommes plus au temps des seigneuries. Le système socio-fiscal ponctionne certes mais il redistribue. Soit sous forme de cash, comme pour les allocation familiales, soit de remboursement comme pour les soins, ou encore de mise à disposition de services et de biens aux citoyens via par exemple l’éducation.

En faire abstraction, c’est faire une analyse absurde revenant à comparer des tickets de caisses au sortir du supermarché sans regarder ce que l’on a mis dans le panier ! Dans la grille d’analyse de Molinari, le salarié portugais est libéré le 29 mai. Enfin presque. Qu’il le souhaite ou non, il lui faudra quand même assumer avec son argent les dépenses de santé que son système socio fiscal laisse à sa charge. Les salariés portugais seront donc « libres » de travailler une semaine supplémentaire pour que collectivement, ils puissent financer le point de PIB supplémentaire que l’État – enfin la Secu –, n’assume pas. Idem, si la nation Portugaise décidait du même effort que la France en matière de Défense nationale, c’est encore une semaine et demi de travail, etc… Dès lors, la seule question qui se pose est : en a-t-on pour notre argent. Autrement dit, l’argent public est-il bien utilisé? Question dont se désintéresse l’étude.

Le seul intérêt de ces « travaux » est de permettre d’expliquer les tonnerres d’applaudissement que le candidat Sarkozy de 2006 déclenchait dans ses meetings avec son bouclier fiscal à 50%. Depuis, on sait à qui profite ce type de démarche anti fiscaliste. En 2010, 19 000 foyers parmi les plus riches ont réduit de 679 millions d’€ leur contribution à la production de biens et de services pour leurs 65 millions de concitoyens. Ainsi du chèque de 30 millions annuel de madame Bettencourt. Cette logique qui neutralisait l’effort demandé au plus riche était devenue intenable. Nicolas Sarkozy se doit en effet de faire marche arrière et de réhabiliter l’impôt pour faire passer sa prochaine hausse de 20 milliards d’€ d’ici à 2012.

L’impôt est à nouveau moderne. Et n’en déplaise aux anti fiscalistes, la vraie libération des Français fut le 4 août. Durant cette nuit de 1789, l’abolition des privilèges soumet des nobles à l’impôt…

L’Institut économique Molinari

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