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Cessons de croire que le livret A est une valeur refuge

Texte d’opinion publié sur 24hGold le 14 septembre 2011.

Au cours de l’été, le Livret A a enregistré plus de 2 milliards d’euros en juillet de nouveaux dépôts. La collecte nette depuis le début de 2011 a atteint 13,5 milliards d’euros, portant ainsi l’encours total à 207,5 milliards d’euros répartis sur quelques 60 millions de livrets ouverts. En ces temps de turbulences financières et monétaires, les Français se sont rués sur ce produit d’épargne liquide avec l’espoir semble-t-il de protéger ainsi leur patrimoine, du fait du relèvement de sa rémunération et de la garantie de leurs dépôts par l’État français.

Ce produit financier ne peut malheureusement pas jouer le rôle de « refuge » en cas de crise majeure et de faillite des États. La désillusion des Français serait grande s’ils réalisaient que ce qu’ils mettent de côté est loin d’être à l’abri car la garantie des dépôts n’est qu’une illusion. De plus, loin de protéger leur pouvoir d’achat, le Livret A le détruit bel et bien.

C’est ce point précisément que nous voulons expliquer, à savoir que le livret A ne permet pas à ses détenteurs de conserver leur pouvoir d’achat. Certes, l’État augmente officiellement le taux de rémunération de ce produit d’épargne en fonction, entre autres, de l’augmentation de l’indice des prix à la consommation. C’est ainsi qu’il l’a relevé en août 2011 de 2% à 2,25% (net d’impôt).

Or, un tel niveau de rémunération – décidé arbitrairement par les pouvoirs publics – s’avère insuffisant pour compenser ne serait-ce que l’augmentation des prix à la consommation à laquelle les Français sont, et seront très probablement, confrontés à l’avenir.

En effet, selon les derniers chiffres officiels, les prix des produits de grande consommation ont augmenté entre juillet 2010 et …et 2011 de 2,7%. Quant à l’indice des prix à la consommation en France, selon Eurostat, il a augmenté au premier trimestre 2011 de 1,9%, soit plus de 3,8% sur une base annuelle. Nous sommes à l’évidence très loin des 2,25% de rémunération du Livret A.

Pour bien tenir compte de l’ensemble de la situation, encore faut-il se demander quelle pourrait être l’augmentation future des prix. En effet, c’est elle qui se révèle pertinente pour des épargnants dont le but est de préserver dans le futur le pouvoir d’achat des montants épargnés et disponibles à être placés aujourd’hui.

Évidemment, personne ne sait exactement quelle sera la hausse des prix demain. Il faut cependant noter que les prix à la production industrielle dans la zone euro entre juillet 2010 et juillet 2011 ont enregistré une hausse de 6,1%. Or, tôt ou tard, ces hausses seront répercutées au niveau des prix à la consommation. Les experts, régulièrement interrogés par la BCE au sujet de l’augmentation des prix futurs, ont d’ailleurs revu leurs prévisions à la hausse et prévoyaient à la mi-juillet, une augmentation de l’ordre de 2,6% cette année. La création monétaire par la BCE pour racheter à tour de bras de la dette souveraine grecque, italienne, espagnole, etc., tend à aggraver la situation et à abaisser davantage le pouvoir d’achat de chaque euro épargné par les Français.

En matière de Livret A, ne faudrait-il pas plutôt parler de « prélèvement » opéré par l’État grâce à l’inflation que de rendement ? Et les Français accepteraient-il de perdre ainsi du pouvoir d’achat s’ils découvraient que la garantie des dépôts offerte par l’État lui-même n’est peut-être qu’un leurre ?

(A suivre)

Valentin Petkantchin est chercheur associé à l’Institut économique Molinari.

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