Dans les médias

Les stress tests et la solidité du système bancaire européen

Traduction d’une interview publiée dans le magazine Paris-Berlin le 5 mai 2011.

• À quoi servent ces stress tests ? Quelle est leur utilité ?

Les stress tests visent à tester la capacité de résistance des banques à un choc de crédit, une dégradation du marché ou une dégradation de la dette souveraine. Ceux qui ont commencé à être mis en oeuvre sur près de 90 banques européennes début mars sont censés être plus sévères que les précédents qui avaient conclu avant la faillite de l’Irlande que les banques irlandais justement étaient saines.

L’usage des stress tests vise in fine à rassurer les marchés financiers quant à la solidité du système bancaire européen. Ils présentent donc un vice majeur, à savoir qu’ils doivent par principe montrer que le système bancaire est solide et peut supporter des chocs systémiques. Les tests sont conçus afin d’éviter que trop de banques y échouent et que du coup, la défiance se déchaine et devienne auto-réalisatrice de ce que les tests cherchent à éviter.

Reste que si ces tests conduisent les banques à se recapitaliser au-delà du niveau réglementaire, on pourra dire qu’ils ont été utiles.

• Quelles sont les banques menacées ?

C’est justement ce que devraient révéler les fameux stress tests. Or, jusqu’ici, ils ont été incapables d’identifier les banques qui se sont révélées insolvables. En fait, il existe un critère simple pour savoir si une banque est solide ou pas, c’est de voir qu’elle est son niveau de levier (total du bilan de la banque sur ses fonds propres). Plus ce levier est faible et plus la banque est solide et peut faire face à des risques susceptibles d’avoir des répercussions sur la totalité de ses actifs (prêts aux ménages, entreprises dette souveraine, etc.). Les banques européennes ont un levier compris entre 20 et 40. Cela signifie qu’il suffit que des pertes de 2.5% à 5% soient enregistrées pour que la banque soit en situation de faillite potentielle. Face à l’exposition aux dettes grecques, portugaises et irlandaises, il est évident que le système bancaire européen est extrêmement fragile.

• Les critères, qui sont plus sévères cette année, le sont-ils suffisamment pour rassurer les marchés ?

Comme nous l’avons précisé ci-dessous, les vrais tests de la solidité des banques consistent à mesurer leur niveau de levier et à envisager quel est le risque de défaillance des États. On sait déjà que les États grecs, irlandais et portugais sont insolvables. D’autres pays comme l’Espagne, le Royaume Uni ou même la France devraient également l’être à moins de réformes structurelles.

Ces tests rassureront probablement les marchés si aucun événement majeur ne se produit d’ici là. Dans le cas contraire, comme les fondamentaux sont extrêmement mauvais et que les pays surendettés ne parviennent souvent pas à prendre les réformes nécessaires, les marchés perdront confiance. Les prêteurs demanderont ainsi des taux d’intérêt de plus en plus élevés pour faire face au risque de la zone euro. Ces taux seront d’autant plus élevés que l’inflation va se développer. Il est en effet devenu évident que les États, incapables de remettre leurs finances publiques en ordre, jouent sciemment de la création monétaire via la BCE.

Propos recueillis par Myriam Sahbi.

Cécile Philippe est directrice générale de l’Institut économique Molinari.

Cécile Philippe

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