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Le Parti travailliste nous lègue un héritage bien déplaisant : diminution des dépenses publiques, crise de la dette de l’État ou dévaluation de la monnaie

Discours sur les causes de la crise financière actuelle prononcé le 20 juin 2010 par Steven Baker, membre du parlement pour le Wycombe, Comté de Buckingham.

Nous tenons à attirer l’attention de nos lecteurs sur l’existence d’un excellent think-tank au Royaume Uni. Il s’agit du Centre Cobden dont l’une des figures prééminentes est Steven Baker, récemment élu membre du parlement anglais. Ce dernier a prononcé un discours très intéressant sur les causes de la crise financière actuelle et nous formulons le souhait qu’une personnalité politique française puisse un jour s’en emparer.

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Depuis mon arrivée au parlement, les députés du Parti travailliste (Labour) n’ont cessé d’alimenter les discussions de leur indignation bien pensante tout en montrant une absence totale de remord concernant l’état des finances publiques qu’ils nous laissent. Ils laissent entendre qu’ils auraient été de véritables anges.

Laissons-leur le bénéfice du doute, deux prémisses peuvent expliquer leur attitude.
La première repose sur cette idée que le gouvernement dispose d’une inépuisable corne d’abondance dans laquelle il peut puiser de façon illimitée. Les conservateurs n’ont qu’à vouloir y puiser de la même façon pour le pouvoir. La seconde est que la crise est une caractéristique de l’économie mondiale que le gouvernement travailliste n’aurait en aucun cas pu éviter.

Or, justement, le gouvernement ne dispose pas d’une inépuisable corne d’abondance. Le gouvernement n’a rien à donner, sans l’avoir au préalable prélevé. Le gouvernement se finance en prélevant des impôts aujourd’hui, en empruntant en échange de la promesse de taxer une somme encore plus importante demain et en dévaluant la monnaie. Nous avons atteint les limites de ces trois modes de financement.
Grâce à la courbe de Laffer, il semble maintenant probable de penser que l’augmentation des taxes entraînera une diminution des revenus du gouvernement. Les individus ajustent leur comportement afin de payer moins d’impôt. C’est raisonnable et prévisible.

Nous avons atteint les limites de la capacité d’emprunt du gouvernement. Comme l’écrivait Liam Halligan dans le Telegraph en Novembre 2008, le recours à l’emprunt de Gordon Brown, a été « extrêmement imprudent ». En outre, comme l’a récemment fait valoir John Redwood à la Chambre des communes, « si nous avons réussi à éviter la situation grecque, c’est simplement qu’au lieu de recourir à des emprunts massifs, nous avons imprimé de la monnaie ».

Les dirigeants ont de tout temps manipulé la monnaie afin de financer leurs projets. L’immoralité de cette manipulation était évidente quand ils diminuaient la teneur en or des pièces. Aujourd’hui, l’immoralité de la dévaluation de la monnaie est cachée car elle recourt à des techniques beaucoup plus complexes comme l’assouplissement quantitatif ou qu’elle repose sur le système bancaire via le système de réserves fractionnaires des banques privées chapeautées par une banque centrale.

La dévaluation de la monnaie est un impôt caché car il redistribue la richesse en faveur de ceux qui reçoivent la monnaie nouvellement créée en premier: il s’agit d’une taxe sur les épargnants et sur les personnes dont les revenus sont faibles et fixes. Dans le pire des cas, la dévaluation de la monnaie via l’inflation se termine dans un grand krach qui détruit complètement la monnaie.

Le Parti travailliste nous lègue donc un héritage pas facile, celui de devoir choisir entre baisse des dépenses publiques, crise de la dette publique et inflation. Un plan de sauvetage ne ferait que retarder l’échéance de la crise de la dette. L’assouplissement quantitatif finirait quand à lui par détruire la monnaie.

Il n’y donc d’autre issue que celle de réduire les dépenses publiques. Tout cela était-il prévisible?

Comme je l’ai expliqué dans mon discours d’inauguration, la crise bancaire et ses conséquences économiques et fiscales ne sont pas imputables au marché libre, mais à l’ingérence du gouvernement dans le système monétaire et bancaire. La situation actuelle était prévisible de ceux qui ont compris deux concepts fondamentaux et malheureusement absents de la vision économique contemporaine dominante.

Le premier concept est celui de taux d’intérêt. Les taux d’intérêt résultent des préférences temporelles des gens pour la consommation. La valeur subjective de la consommation actuelle est supérieure à celle de la consommation future. Cette différence de valeur subjective a un prix. Ce prix est appelé le taux d’intérêt. Les taux d’intérêt doivent en principe permettre de coordonner l’économie à travers le temps en faisant correspondre les préférences pour le temps des épargnants d’un côté et des investisseurs de l’autre. Lorsque les taux d’intérêt sont manipulés par les autorités, l’économie est délibérément dis-coordonnée.

Or, à la différence de ce que l’on observe dans le cas d’autres biens, le contrôle des prix du crédit n’entraîne pas sa disparition du marché. Des taux maintenus à des niveaux artificiellement bas entraînent une hausse de la demande de crédit et une diminution de l’offre d’épargne mais quoiqu’il arrive le crédit continue à abonder. Le privilège légal qu’ont les banques de pouvoir considérer les dépôts des épargnants comme de l’argent à leur disposition, leur permet de répondre à la demande de crédit sans pour autant disposer d’une épargne réelle pour ce faire.

Il devrait être évident que le crédit bon marché encourage la consommation. Il est moins évident de comprendre que le crédit bon marché encourage les investissements dans des projets pour lesquels l’épargne nécessaire pour rendre le projet rentable n’existe pas. Il s’agit du deuxième concept à saisir, à savoir comprendre comment fonctionne la structure du capital.

Les ressources productives réelles ne sont pas fongibles. Cela n’a pas de sens économique d’amalgamer des équipements miniers, des fonderies, des usines de fabrication et des chaînes de montage si au préalable on n’a pas trouvé à cette combinaison de facteurs une valeur globale. En effet, c’est comme si on souhaitait assembler des voitures avec des équipements miniers. Le point important à comprendre est le suivant : les entrepreneurs investissent les crédits qu’ils obtiennent dans des projets spécifiques. S’ils sont systématiquement induits en erreur par des taux d’intérêt artificiellement bas, ils sont amenés à gaspiller des ressources productives.

Tout cela est sans doute la cause du cycle expansion-récession, de la consommation excessive et du mal-investissement des entreprises.

Les prémisses du Parti travailliste sont fausses. Il n’existe aucune corne d’abondance dans laquelle un gouvernement peut puiser indéfiniment. Cette crise n’est pas le résultat automatique du fonctionnement du marché libre, mais bel et bien la conséquence de l’intervention du gouvernement dans le système de crédit bancaire.

Le boom des dernières années était une illusion entretenue par de l’argent bon marché. Les travaillistes ont taxé cette illusion et on pu jouir d’une débauche de moyens entretenue par un véritable poison économique. Nombre d’activités ont été créées sans autre fondement que l’expansion du crédit. Or si on ne coupe pas le robinet, on court le risque de détruire la monnaie.

L’opposition devrait cesser de geindre et de se plaindre à propos de coupes budgétaires impossible à éviter: ils ne sont pas du côté des anges. Si on veut véritablement promouvoir le bien-être humain, la prospérité et le progrès social pour tous, alors il nous faut regarder le monde tel qu’il est réellement et trouver un chemin accessible. Ce sera la tâche de George Osborne et de la Coalition.

Pour en savoir plus:

Huerta de Soto, « Money, Bank Credit and Economic Cycles »

Mises, « The Causes of the Economic Crisis »

Butler, « Ludwig von Mises – A Primer »

Hayek, « Prices and Production« 

L’Institut économique Molinari

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