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Crise financière: les partisans du libre marché ne doivent pas se tromper !

Article publié dans L’agefi le 9 octobre 2008.

Des analystes réputés pour défendre habituellement des politiques économiques libérales semblent aujourd’hui renier leurs positions traditionnelles, en se prononçant notamment en faveur d’injections massives de liquidités dans les marchés par les banques centrales, de la prise de contrôle par le gouvernement américain d’institutions financières géantes, ainsi que du plan de sauvetage de 700 milliards $ qui vient d’échouer au Congrès.

Des analystes réputés pour défendre habituellement des politiques économiques libérales semblent aujourd’hui renier leurs positions traditionnelles, en se prononçant notamment en faveur d’injections massives de liquidités dans les marchés par les banques centrales, de la prise de contrôle par le gouvernement américain d’institutions financières géantes, ainsi que du plan de sauvetage de 700 milliards $ qui vient d’échouer au Congrès.

À premier vue, quiconque comprend le fonctionnement d’une économie de marché peut facilement voir que quelque chose ne tourne pas rond dans ces positions. Les impôts qui devront être prélevés pour financer ce plan permettront sans doute de maintenir certaines compagnies à flot, mais ils détourneront des capitaux, tueront des emplois et rendront des entreprises moins rentables ailleurs dans l’économie. Accroître la masse monétaire a le même effet. Il s’agit d’une taxe invisible qui redistribue les ressources à ceux qui ont accumulé des dettes et qui ont fait de mauvais placements.

Depuis des décennies déjà, les économistes de l’école autrichienne nous mettent en garde contre les conséquences néfastes d’avoir un système de banque centrale fondé sur une monnaie fiduciaire, c’est-à-dire une monnaie qui ne s’appuie sur aucune contrepartie métallique comme l’or et qui peut facilement être manipulée. Ce système se caractérise par un crédit facile et des taux d’intérêt maintenus artificiellement bas, ce qui envoie des signaux de marché faussés aux investisseurs et exacerbe les cycles économiques.

Non seulement la banque centrale crée-t-elle constamment de l’argent à partir de rien, mais le système de réserves fractionnaires permet aux institutions financières d’augmenter encore plus la quantité de crédit qui circule dans l’économie. Lorsque la création monétaire est soutenue, une bulle financière émerge qui se nourrit d’elle-même, des prix plus élevés permettant aux propriétaires de titres gonflés de dépenser et d’emprunter davantage, ce qui amène une création additionnelle de crédit, ce qui fait grimper encore plus les prix, et ainsi de suite.

À mesure que les prix deviennent de plus en plus faussés, des malinvestissements, soit des investissements qui n’auraient pas été faits dans les conditions normales du marché, finissent par s’accumuler. Malgré cela, les institutions financières ont une incitation à embarquer dans cette frénésie d’endettement irresponsable, sinon elles pourraient perdre des parts de marché.

Que doit-on faire lorsque ce château de cartes commence à s’effondrer ? Il est évident que le crédit va s’amenuiser, puisque que tout le monde voudra se retirer des projets trop risqués, demandera le remboursement des prêts ou placera ses fonds dans des endroits plus sécuritaires. On n’en sort pas : les malinvestissements doivent être liquidés; les prix doivent retomber à des niveaux plus réalistes; et les ressources engagées dans des projets improductifs doivent être libérées et transférées à des secteurs où il existe une demande réelle. Ce n’est qu’à ce moment que les capitaux redeviendront de nouveau disponibles pour des investissements profitables.

Il faut donc être cohérent et ne pas défendre au nom du libre marché des mesures qui auront comme effet de retarder les réajustements du marché et de transformer ce qui devrait être une courte récession en marasme prolongé.


Martin Masse est chercheur associé à l’Institut économique Molinari et ancien conseiller du ministre canadien de l’Industrie (2006-2007).

Martin Masse

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