Les OPA permettent de discipliner des managers qui sinon pourraient continuer à ignorer les sources d'inefficience dans l'entreprise. Il en est ainsi car les sociétés cotées font face à une difficulté connue sous la dénomination du problème de l'agent et du principal. Les propriétaires d'une entreprise doivent trouver les moyens d'inciter les managers à employer les ressources de l'entreprise de la façon la plus rentable possible, sachant que parce qu'ils sont dispersés, il leur est souvent difficile de mener des actions organisées.
Une façon de résoudre ce problème est de faire en sorte que les managers possèdent une partie significative des actions de l'entreprise si bien qu'une part non négligeable de leur revenu provient des performances de l'entreprise.
Les actionnaires ont aussi d'autres moyens de faire pression sur les managers puisque le conseil d'administration engage et licencie les managers. Le risque est cependant que des conflits apparaissent pour contrôler le conseil. A ce jeu-là, les actionnaires sont moins bien placés que les managers qui peuvent utiliser les ressources de l'entreprise pour faire leur travail de lobbying alors que les actionnaires rebelles doivent utiliser leurs propres ressources.
En voulant réduire ou éliminer cette possibilité qu'ont les actionnaires d'acheter et de vendre leurs titres et ainsi de faire pression sur les managers, les pouvoirs publics rendent plus difficile le déplacement des ressources, des implantations et des emplois que le public valorise moins vers ceux qu'il valorise davantage. En s'abstenant d'intervenir, l'Etat laisse aux consommateurs la décision de récompenser par des profits ou de sanctionner par des pertes une entreprise. Dans ce dernier cas, la firme n'aura pas d'autre choix que de réallouer ses ressources, faute d'avoir su auparavant coller aux préférences du consommateur.
Les OPA permettent de mettre fin à des sources de pertes, d'accroître la richesse des actionnaires et ainsi de préserver des emplois qui auraient autrement été perdus si l'entreprise avait été amenée à faire faillite faute de satisfaire ses consommateurs. L'OPA est une alternative à la faillite qui conduit de façon brutale à une réallocation totale des actifs de l'entreprise vers des entreprises plus performantes.
Il est important de préciser que, sur un marché, les individus rivalisent entre eux pour obtenir des ressources qui doivent leur permettre de développer leurs projets respectifs. Or les ressources sont rares et une fois investies dans une entreprise, elles ne peuvent plus l'être dans une autre. L'émergence d'un marché financier a permis une innovation importante: celle de pouvoir réunir des ressources à une échelle jusqu'alors jamais atteinte.
En nuisant au bon fonctionnement du marché financier en expropriant partiellement les actionnaires de leur droit, l'Etat réduit la rentabilité du capital investi sur ce marché et rend ainsi plus difficile aux entreprises d'avoir accès à des ressources indispensables à leur développement. Ce n'est que si les intérêts de l'entreprise sont en adéquation avec un objectif non ambigu de récompense du capital que l'on donne à une firme le maximum de chance d'accéder à du capital qui sinon sera investi ailleurs.
La prospérité d'une industrie ne se décrète pas, elle se crée. Si on laisse les titres de propriété s'échanger librement sur le marché financier, ils finissent dans les mains de ceux qui pensent être le plus capables de les valoriser. La raison pour laquelle ils sont mieux placés que les pouvoirs publics pour réaliser cette tâche est qu'ils devront subir les conséquences financières de leurs actions en cas d'échec. Les bureaucrates, en échappant à la sanction des pertes et des profits, ne peuvent faire autrement que mener les projets industriels au petit bonheur la chance.
Il faut donc reconnaître la légitimité des OPA et faire en sorte que les étrangers soient libres de faire des offres d'achat. Il est aussi important que les nationaux soient libres de les concurrencer. Plus le marché financier est libre, plus le droit des actionnaires est respecté, plus la prospérité de l'industrie dépend de l'adéquation des projets industriels aux exigences des consommateurs. L'intervention de l'Etat visant à préserver la nationalité d'une entreprise se fait par contre au mépris du pouvoir d'achat des consommateurs.