Notes et baromètres

Les fondations erronées de la politique antitrust. La théorie du prix de monopole

Note économique / Novembre 2004

«Nous pouvons assurément dire que nous partageons les mêmes objectifs des deux côtés de l’Atlantique, à savoir d’assurer une véritable compétition entre les entreprises, en conduisant une politique de la concurrence fondée sur une théorie économique solide et dont la principale préoccupation est l’intérêt du consommateur», déclarait il y a trois ans Mario Monti, alors commissaire européen à la concurrence. Il résumait ainsi en une phrase les motivations affichées des politiques antitrust depuis leur naissance aux États-Unis à la fin du XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, en passant par leur importation en Europe au sortir de la seconde guerre mondiale. Il évoquait par la même occasion la place centrale qu’occupe la théorie économique dans leur justification.

Il est vrai que les économistes ont généralement donné un sérieux coup de main aux décideurs politiques en leur fournissant une panoplie sophistiquée de concepts soutenant l’idée que l’action politique pourrait défendre les intérêts des consommateurs face à des producteurs trop gourmands. La théorie «néoclassique» du prix de monopole est certainement une des rationalisations qui a le plus emporté la conviction des chercheurs. Cependant, le fait qu’elle soit tenue pour évidemment vraie par la plupart des économistes, ne peut être considéré comme une preuve de sa validité. L’objectif de cette note est de montrer que cette analyse est fatalement erronée et qu’une politique antitrust, dans la mesure où elle est fondée sur elle, est injustifiée.

La théorie du prix de monopole est un des principaux outils proposés par les économistes pour servir de fondement à une politique antitrust. Son message essentiel consiste à expliquer en quoi et dans quelles conditions les entreprises en situation de monopole nuisent au consommateur. Une de ses principales conclusions est qu’en laissant faire le marché, on peut aboutir dans certains cas à une situation «sous-optimale» pour les consommateurs. C’est pour cette raison que cette doctrine peut servir de justification à une politique interventionniste de la concurrence. Un examen critique des justifications de la politique antitrust requiert donc de s’intéresser de près à ce modèle.

L’Institut économique Molinari

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